
Après une année de pandémie, Ottawa et Québec préparent la reprise d’activités avec une idée en tête : relancer l’économie et répondre aux besoins de main-d’œuvre des entreprises québécoises et canadiennes. Le mois d’avril a ainsi été chargé en annonces pour renforcer l’attraction et la rétention de travailleurs et d’étudiants étrangers.
Dans cette édition, seront abordés :
- La nouvelle voie d’accès à la résidence permanente pour plus de 90 000 travailleurs et étudiants ;
- Le raccourcissement des délais pour fournir un document manquant à IRCC ;
- La mise à jour de certaines mesures applicables à l’arrivée au Canada des travailleurs étrangers temporaires et, pour les employeurs, relatives à leur isolement obligatoire ;
- Un investissement de 246 millions de dollars pour l’attraction et la rétention de l’immigration au Québec ;
- Les trois nouvelles directions régionales du MIFI pour régionalisation de l’immigration ;
- Le soutien aux personnes immigrantes en reconnaissance des compétences ;
- Les nouvelles mesures de la CNESST face aux variants ;
- Une nouvelle entente entre le gouvernement du Québec et la Ville de Montréal ;
- Une entente de 700 000 $ entre le gouvernement du Québec la Ville de Laval ;
- La nouvelle stratégie du Québec à l’international et au Canada ;
- L’appel du Conseil du patronat pour faire face à la pénurie de main-d’œuvre ;
- Le lancement au Québec des Programmes pilotes d’immigration permanente pour les préposés aux bénéficiaires, ainsi que pour les travailleurs de l’IA, des TI et des effets visuels.
AU FÉDÉRAL :
Un nouvel accès à la résidence permanente pour 90 000 travailleurs étrangers essentiels et étudiants étrangers au Canada
C’est l’annonce du mois. Le 14 avril 2021, le ministre Marco E. L. Mendicino a annoncé que les travailleurs étrangers temporaires des services essentiels et les diplômés du Canada qui sont déjà sur le territoire auront accès à la résidence permanente.
Ce sont plus de 90 000 personnes qui obtiendront ainsi la résidence permanente partout au Canada, mais pas au Québec. En effet, la province francophone a refusé de participer à cette mesure, qui revient à la priver, dans les cas concernés, de son droit à la sélection préalable de ses immigrants permanents.
De ces 90 000, il y aura 20 000 demandes des travailleurs temporaires du secteur de la santé, 30 000 demandes des travailleurs des autres professions essentielles et 40 000 demandes de diplômés. Les francophones vivant dans les autres provinces que le Québec, et qui répondent aux critères d’admissibilité, seront aussi favorisés, conformément à ce qu’Ottawa avait annoncé fin 2020.
Les demandes peuvent être envoyées du 6 mai 2021 au 5 novembre 2021, ou plus tôt si la limite est atteinte.
Sont admissibles :
- Les travailleurs étrangers temporaires ayant exercé pendant au moins un an dans une profession de la santé ou dans une autre profession essentielle. Les professions acceptées sont détaillées sur ces liens par le ministère.
- Les diplômés d’un programme postsecondaire du Canada qui ont terminé leurs études il y a moins de quatre ans et après janvier 2017. De même, les établissements admissibles sont listés.
- Les travailleurs et diplômés qui ne vivent pas au Québec.
Pour accéder au communiqué d’IRCC
Pour accéder aux conditions d’admissibilité détaillées
30 jours pour fournir les documents manquants d’une demande au fédéral
Depuis le début de la pandémie, Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) avait accordé des assouplissements et des délais plus longs aux demandeurs de permis et de visas. En effet, beaucoup d’institutions étaient fermées, ce qui compliquait la tâche aux demandeurs de résidence permanente par exemple devant fournir des données biométriques ou des documents provenant d’autres pays.
Avec les institutions qui ouvrent de nouveau, ce délai a été raccourci. Désormais, chacun aura 30 jours pour fournir un document manquant. Ce délai commence le jour où la personne reçoit un avis d’IRCC requérant le document. Passé ce délai, l’agent prendra une décision sur la demande.
Les candidats peuvent soumettre une demande de prolongation pour un motif raisonnable. Cela comprend les retards liés à la COVID-19. 30 jours supplémentaires seront accordés si l’explication est jugée comme étant raisonnable.
Mise à jour de certaines mesures visant l’arrivée des travailleurs étrangers temporaires
Le gouvernement fédéral a pris trois mesures importantes relatives à l’arrivée au Canada des travailleurs étrangers temporaires, notamment des travailleurs agricoles.
La première vise le protocole de test de dépistage de la COVID-19. Les voyageurs arrivés au Canada à compter du 23 avril devront se soumettre à un test au jour 8 suivant leur arrivée (et non plus au jour 10), afin de s’assurer de recevoir le résultat avant la fin de la période de quarantaine, au jour 14.
La seconde concerne le Programme d’aide pour l’isolement obligatoire des travailleurs étrangers temporaires. Une revalorisation de 57,6 M$ CAN est prévue au budget 2021 pour aider les employeurs et producteurs dont les salariés sont soumis à la période d’isolement de 14 jours à leur arrivée, jusqu’au 31 août 2021. Celle-ci prévoir notamment, pour les employeurs :
- Un soutien jusqu’à 1 500 $ CAN par travailleur arrivé jusqu’au 15 juin 2021 ;
- Un soutien de 750 $ CAN par travailleur arrivé entre le 16 juin 2021 et le 31 août 2021 ;
- Une compensation maximale de 2 000 $ CAN pour les travailleurs en transit qui doivent effectuer leur quarantaine dans une installation approuvée par le gouvernement.
La troisième prévoit la prise en charge de l’espagnol dans l’application ArriveCAN. À cette fin, un nouveau service vocal interactif a été mis en place pour aider les travailleurs à effectuer leur déclaration obligatoire de quarantaine dans leur langue maternelle.
AU PROVINCIAL :
Le MIFI investit 246 millions pour attirer et retenir les travailleurs et les étudiants étrangers
Après la publication du budget du Québec 2021-2022 le 25 mars dernier, le MIFI a dévoilé les détails de son budget de 246 millions de dollars pour attirer et maintenir les travailleurs et les étudiants étrangers. Ce budget se divise comme suit.
130 millions de dollars seront alloués à la reconnaissance des compétences. Il s’agit surtout d’améliorer le soutien financier des personnes immigrantes qui réalisent une reconnaissance des compétences, une formation ou un stage d’appoint pour répondre aux exigences des ordres et exercer une profession réglementée. Les secteurs et professions en demande seront priorisés, les ordres seront davantage accompagnés et l’offre de formation et de stages nécessaires pour exercer une profession réglementée sera agrandie.
La régionalisation de l’immigration reçoit 57 millions de dollars sur deux ans. L’idée est d’accroître le nombre de personnes immigrantes qui s’installe en région, mais aussi d’améliorer leur accompagnement à l’intégration.
50 millions sont réservés à la francisation, notamment au soutien financier des personnes immigrantes qui souhaitent suivre des cours de français proposés par le ministère.
Enfin, 9,1 millions sur trois ans seront dédiés aux étudiants étrangers. En effet, le MIFI prévoit de s’allier avec Montréal International, Québec International et la Société de développement économique de Drummondville pour attirer et retenir les étudiants étrangers.
Pour accéder au communiqué du MIFI
Trois nouvelles directions régionales du MIFI
Six directions régionales existent déjà partout au Québec pour accompagner les immigrés qui s’installent à l’extérieur de Montréal, mais aussi pour travailler avec les employeurs et les municipalités et collectivités locales. Pour favoriser la régionalisation, le ministère emploie une approche globale qui couvre tous les acteurs.
Trois nouvelles vont s’ajouter à cette mission. Elles serviront les régions de la Mauricie et du Centre-du-Québec, le Saguenay–Lac-Saint-Jean et la Côte-Nord, mais aussi le Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine.
Ces neuf directions au total couvrent 66 antennes régionales, 81 agents d’aide à l’intégration et 60 conseilleurs en immigration régionale.
Québec compte combler 1,4 million d’emplois au Québec d’ici 2026.
Pour en apprendre plus sur l’action du MIFI dans les régions
Relance du Programme des Professionnels formés à l’étranger (PFE)
Le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale (MTESS) investit 2 M$ CAN dans le Programme des Professionnels formés à l’étranger (PFE). Cela fait partie du budget alloué à la reconnaissance des compétences.
En effet, ce programme octroie des prêts pour aider les personnes immigrées à faire reconnaître leurs compétences acquises à l’étranger. Il est réalisé en partenariat direct avec Microcrédit Montréal qui aide à l’intégration des nouveaux arrivants. 17 organismes de microcrédit au Québec seront également en collaboration.
Pour lire le communiqué de Microcrédit Montréal
Une entente de 24 millions entre le gouvernement du Québec la Ville de Montréal
24 millions de dollars ont été investis par la Ville de Montréal et le gouvernement du Québec pour améliorer l’intégration des personnes immigrantes. De cette somme, la moitié provient du Programme d’appui aux collectivités (PAC) du MIFI et l’autre a été investie par la municipalité. Cet argent distribué pour trois ans permettra d’améliorer l’intégration des immigrants. Les organismes communautaires seront inclus dans la démarche, ainsi que d’autres acteurs de l’immigration.
Le gouvernement du Québec signe aussi avec la Ville de Laval
700 000 $ à la Ville de Laval pour favoriser l’intégration des personnes immigrantes. La ville de Laval a organisé le 22 avril un Sommet sur la diversité ethnoculturelle et l’inclusion.
De cette somme, la moitié relève du Programme d’appui aux collectivités (PAC) du MIFI, lancé en octobre 2020. L’autre a été investi par la municipalité lavalloise.
Laval, deuxième ville d’accueil des personnes immigrantes au Québec, entend améliorer l’inclusion des personnes immigrées ou d’origine immigrée à la vie collective.
Un cadre de référence en immigration et diversité ethnoculturelle a aussi été dévoilé. Ce document établit la stratégie de la municipalité en matière d’inclusion des immigrés. La population, les immigrés, les intervenants, les organismes et les fonctionnaires sont visés.
Pour en savoir plus sur la stratégie de Laval pour l’inclusion
Nouvelles mesures au travail CNESST
La CNESST vient de rendre publiques les nouvelles normes en milieu de travail pour faire face aux variants. Elles apparaissent dans la section « Port en continu du masque médical en contexte d’apparition de variants » du Guide des normes sanitaires en milieu de travail — COVID-19.
Le but est de prendre davantage de précautions face au caractère plus virulent des variants et étant donné qu’ils sont très présents dans les milieux de travail. Elles complètent celles déjà en place.
Il est précisé que ces mesures s’arrêteront une fois la 3e vague passée.
Les mesures concernent le port continu du masque au travail, à l’intérieur, comme à l’extérieur quand la distance de deux mètres n’est pas respectée. Quelques exceptions sont listées et détaillées dans le document (personne seule dans un espace clos, problèmes de santé, communication, etc.). Aussi, en règle générale, les masques médicaux ou chirurgicaux sont préférés, les masques en tissu n’étant pas assez protecteurs face aux variants.
Pour accéder au guide de la CNESST
Le Québec se donne une stratégie de marque à l’international et au Canada
La Belle Province entend peaufiner son image à l’international et au Canada. Toujours dans la volonté d’attirer plus de travailleurs, de gens d’affaires et d’étudiants, Québec mise sur son identité et sa qualité de vie pour se promouvoir.
Ce sont surtout les investisseurs et les gens d’affaires qui sont visés par cette stratégie. Les autres cibles étant les travailleurs étrangers, les étudiants, l’industrie des arts et de la culture et les organisations internationales.
Pour accéder à la page de la stratégie
Le Conseil du patronat du Québec (CPQ) dénonce la pénurie de main-d’œuvre et demande plus d’efforts en immigration
93,7 % des entreprises québécoises ont un problème de main-d’œuvre, quel que soit leur secteur ou leur taille. Ce chiffre alarmant est tiré d’un sondage publié dans la Feuille de route pour une relance économique résiliente et durable 2021-2022. Ce document donne des recommandations pour faire face à la pénurie et relancer l’économie québécoise.
À la lumière de ces résultats, le président du CPQ, Karl Blackburn, affirme que « le manque de main-d’œuvre est un problème généralisé et urgent » qu’il faut adresser.
42,8 % des entreprises sondées pensent que la solution doit principalement venir de l’immigration. La deuxième solution à étudier serait de soutenir davantage l’innovation et la robotisation.
Lancement des Programmes pilotes d’immigration permanente pour les préposés aux bénéficiaires, les travailleurs de l’IA, des TI et des effets visuels
Les travailleurs étrangers temporaires exerçant en tant que préposés aux bénéficiaires peuvent depuis le 31 mars 2021 être sélectionnés pour obtenir leur résidence permanente. Le programme pilote d’immigration permanente des préposés aux bénéficiaires est actif jusqu’au 1er janvier 2026, et ce sont 550 préposés (et leur famille) qui pourront être sélectionnés chaque année.
Certaines conditions s’appliquent pour être admissible : la maîtrise de la langue française, une expérience d’au moins un an et le fait d’occuper le poste de préposé aux bénéficiaires au moment de faire la demande.
Pour en savoir plus sur le programme
Dans la foulée, les travailleurs des secteurs de l’intelligence artificielle, des technologies de l’information et des effets visuels ont eux aussi accès à un programme comparable. Les personnes intéressées ont du 22 avril 2021 au 31 octobre 2021 pour soumettre une demande. Annuellement et pendant maximum cinq ans, 550 personnes (et leur famille) obtiendront la résidence permanente via ce programme.