
L’accompagnement interne et externe des nouveaux travailleurs immigrants
Il est important de garder à l’esprit qu’un nouvel employé en provenance de l’étranger doit non seulement s’intégrer dans l’entreprise, mais aussi s’adapter à de nombreuses nouveautés : climat du pays, culture, langue, environnement juridique, etc.
En tant qu’employeur, il est donc essentiel de mettre en place les conditions nécessaires afin de faciliter l’intégration de ces travailleurs. Pour se sentir accueilli, encore faut-il être identifié au sein de l’entreprise.
Sensibiliser son équipe
En amont, il importe de préparer son équipe en l’intéressant à la personne qui va venir renforcer les effectifs : ses nom et prénom, de même que leur prononciation, éventuellement son pays d’origine, sa date d’arrivée, ses compétences, ses expériences professionnelles antérieures, sa formation. Il est aussi nécessaire d’évoquer son niveau de français pour sensibiliser les autres salariés, si besoin est, à parler moins vite et à adapter leur vocabulaire. Certaines personnes de l’équipe peuvent aussi être identifiées comme facilitateurs pour faire la transition entre le travailleur étranger et les personnes en place, en faisant attention toutefois de ne pas favoriser une forme de « communautarisme » au sein de l’équipe en se contentant de rapprocher les personnes de même origine.
La préparation des autres employés est également l’occasion de répondre à leurs interrogations afin d’éviter tous préjugés ou incompréhensions.
Inciter les entreprises à mettre en place de bonnes pratiques en matière de qualité de vie au travail
Le gouvernement du Québec est conscient de l’importance, pour les entreprises, de développer un climat propice au développement des salariés, à la fois dans les relations de travail et dans l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie personnelle. C’est ainsi que le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur (MEES) propose, par exemple, un Programme d’aide financière aux entreprises en matière d’activités physiques (PAFEMAP). Mais au-delà de mesures ponctuelles, le gouvernement travaille à la réalisation d’un Guide de bonnes pratiques en entreprise en matière de qualité de vie au travail, dont la publication est prévue au second semestre 2021. |
Impliquer les salariés
C’est en se sentant concernés que certains salariés peuvent spontanément proposer leur aide, sans qu’il y ait forcément de lien hiérarchique, pour accueillir plus spécifiquement le travailleur étranger et le guider sur tous les codes informels de l’entreprise. Ce volontariat peut prendre la forme de parrainage, de mentorat ou de tutorat.
Étymologiquement, chaque terme répond à un sens différent. Le parrain instruit, le mentor guide et conseille, tandis que le tuteur protège. En réalité, les trois termes recouvrent le plus souvent le même objectif d’une intégration éclairée et réussie. Que ce soit un parrain, un mentor ou un tuteur, à chaque entreprise de définir le périmètre d’intervention de la personne-ressource : aide aux tâches en lien avec le travail, référent pour les questions d’ordre général, conseils pour se constituer un réseau, pour comprendre la culture d’entreprise ou plus généralement la culture québécoise… Les possibilités d’apport sont multiples et ne manqueront pas tant de bénéficier au travailleur étranger que de valoriser le salarié impliqué.
Le cas particulier des travailleurs qualifiés à Montréal
Plus de 70 % des nouveaux arrivants du Québec choisissent de s’établir à Montréal qui accueille la très grande majorité des personnes immigrantes sélectionnées dans la catégorie des travailleurs qualifiés.
Mais malgré une situation de quasi-plein emploi, avant l’épisode de la COVID-19 du moins, le taux de chômage chez les nouveaux arrivants installés dans la région métropolitaine de recensement de Montréal depuis cinq ans et moins est toujours nettement plus élevé (12,2 %) que chez les personnes natives du Canada (4,7 %), des données qui remontent avant la pandémie, naturellement.
C’est en ce sens que la Ville de Montréal a lancé, le 10 juin 2019, sa stratégie Montréal inclusive au travail pour sensibiliser les entreprises comme les travailleurs à l’intégration professionnelle des nouveaux arrivants.
Premier de trois volets de la stratégie Montréal inclusive au travail, la campagne Journée Portes fermées, dévoilée le 15 janvier 2020, vise à mobiliser la population montréalaise, le milieu des affaires, ainsi que les travailleurs, pour faire de l’accueil et de l’intégration professionnelle des personnes immigrantes une priorité commune.
Le site portesfermees.ca, initiative du Bureau d’intégration des nouveaux arrivants à Montréal (BINAM), recense des dizaines d’actions possibles au niveau des entreprises comme des travailleurs pour faciliter l’intégration professionnelle des personnes immigrantes.
Des exemples spécifiques d’accompagnement à Montréal et à Laval
Le Programme de parrainage professionnel (PPP) de la Ville de Montréal :
Chaque année, fin mai, la Ville de Montréal propose un programme de parrainage professionnel sous la forme d’un stage rémunéré de 26 semaines au sein de certains de ses services en demande (ingénierie, urbanisme, ressources humaines, comptabilité, etc.). Ce programme est destiné à des candidats ayant des difficultés à s’insérer sur le marché de l’emploi.
Le Programme de parrainage professionnel prévoit l’implication de parrains et de marraines, employés de la Ville, qui ont pour rôle de favoriser le transfert d’expertise auprès des candidats, mais aussi de faciliter leur intégration, expliquer les codes culturels, guider les candidats pour leur éviter de faux pas, créer des contacts et leur apprendre à réseauter.
Le projet Intégration-Travail-Formation :
Inspirés par ce programme de parrainage, le Bureau d’intégration des nouveaux arrivants à Montréal (BINAM), le gouvernement du Québec, la Chambre de Commerce du Montréal Métropolitain (CCMM) et quatre grandes entreprises québécoises (SNC-Lavalin, Hydro-Québec, Desjardins, Intact Assurance) ont créé le projet Intégration-Travail-Formation pour aider les immigrants et les immigrantes qualifiés de Montréal à obtenir une première expérience de travail locale. Dans le cadre de ce projet, chaque participant reçoit un plan d’intégration individualisé. Le travailleur immigrant qualifié est jumelé à un parrain ou une marraine et suit des formations en entreprise pour ajuster ses compétences. Enfin, les participants reçoivent une formation en communication interculturelle.
Le programme Passerelle sectorielle :
Le programme Passerelle sectorielle est un service en ligne proposée par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM), avec le soutien du MTESS, afin d’outiller et de rapprocher entreprises et professionnels immigrants déjà présents au Québec. Au terme d’un parcours en trois étapes ponctué de présentations, rencontres, ateliers de sensibilisation et accompagnement éventuel à la formation, l’objectif est de motiver des embauches qui répondent à la fois aux besoins des secteurs d’activité, et aux enjeux d’inclusion des travailleurs étrangers.
Proposé par la Chambre de commerce et d’industrie de Laval (CCIL), en partenariat avec Emploi-Québec, le programme Interconnexion favorise le contact entre les organisations montréalaises et de nouveaux arrivants diplômés, ayant de l’expérience dans leur secteur d’activité. Ce programme répond autant aux besoins des entreprises qu’à ceux des immigrants grâce notamment à des activités de jumelage gratuites et variées telles que des séances d’entrevues éclair ou des stages pouvant durer jusqu’à quatre semaines.