L’essentiel de l’actualité de l’immigration au Québec
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Le mois d’août a été l’occasion pour plusieurs de se préparer aux chantiers à venir, notamment celui de la planification 2026-2029 de l’immigration au Québec. La limite de dépôt des mémoires dans le cadre des consultations publiques, fixée au 15 août, a permis à plusieurs structures de formuler leurs commentaires et leurs recommandations au gouvernement.
Toujours au Québec, alors qu’entrait en vigueur la Loi sur l’intégration à la nation québécoise, scellant la création d’un modèle d’intégration basé sur une culture et une langue commune, le MIFI poursuivait ses sessions d’invitations dans le PSTQ, qui pointent désormais à 796 depuis le 17 juillet 2025 et concernent chacun des quatre volets du programme.
Mais la rentrée marque aussi l’heure des comptes dans les établissements d’enseignement du Québec, où l’on constate les effets des mesures de restriction sur la part d’étudiants étrangers, en particulier au niveau collégial, en forte baisse.
Et puis, la rentrée est aussi l’occasion de se retrouver, et plusieurs événements vont permettre aux personnes et aux structures concernées par l’immigration de se rassembler et d’échanger sur les nouvelles pratiques, du recrutement international à l’intégration des personnes immigrantes dans un contexte en forte évolution — à commencer par le Sommet de l’immigration, qui aura lieu le 24 septembre à Drummondville.
Direction
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Coordination éditoriale
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Rédaction
Marine Caleb
Basile Moratille
Conception Web
Soufian Ajlani
Photo
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Édité par
Immigrant Québec
115 rue Prince-Arthur Est
Montréal H2X 1B5
(Québec) Canada
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Deux nouvelles sessions d’invitations à présenter une demande de sélection permanente dans le PSTQ ont été tenues par le MIFI.
La première, le 31 juillet 2025, a relevé du Volet 2 du programme, pour les personnes de compétences intermédiaires et manuelles, après une première session, le 17 juillet 2025, qui avait concerné les Volets 1 et 4. 273 personnes qui ont reçu une invitation à constituer leur dossier en vue d’obtenir un Certificat de sélection du Québec (CSQ).
Aux critères minimaux attendus des candidats pour être invités (catégories FEER 3, 4 ou 5, niveau de français, etc.), d’autres facteurs étaient attendus de la part des candidats, qui devaient par exemple résider au Québec, en dehors de la Communauté métropolitaine de Montréal, avoir travaillé 24 mois minimum dans les 5 dernières années dans leur profession principale et avoir 661 points.
La seconde, le 14 août 2025, concernait cette fois le Volet 3, destiné aux professions réglementées. 275 personnes ont été invitées, qui devaient séjourner au Québec et afficher un pointage supérieur à 766.
Le dépôt de mémoires pour la consultation publique organisée sur la Planification pluriannuelle de l’immigration au Québec pour la période 2026-2029 est arrivé à échéance le 15 août 2025.
Entre autres organismes et regroupements, la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) a déposé son mémoire de 36 pages plaidant pour donner une large place à l’immigration permanente, et que l’intégration socioculturelle et linguistique doit être une priorité.
La Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes (TCRI) a elle aussi publié son mémoire le 22 août dernier, intitulé Au-delà des chiffres : l’immigration au service d’une société juste et inclusive. L’organisme plaide pour une immigration basée sur une vision inclusive, qui doit être « considérée au-delà d’une gestion comptable ». Elle propose 40 recommandations sur les sujets de l’immigration humanitaire, l’intégration socioprofessionnelle, la régionalisation, les étudiants et les travailleurs étrangers.
Ce sont aussi les mémoires du Conseil patronal du Québec, de la Fédération des Cégeps ou encore des Manufacturiers et Exportateurs du Québec, qui sont désormais disponibles.
Le 1er août 2025, le Canada a annoncé son intention de prolonger l’accueil des personnes à Gaza.
Mise en place en décembre 2023, cette mesure permet aux Palestiniens au Canada et aux personnes ayant quitté Gaza depuis le 7 octobre 2023 (résidents permanents ou citoyens) de faire venir les membres de leur famille.
Cette mesure prolongée permettra à plus de personnes d’être dispensées de frais de permis (études, travail, prolongation). Jusqu’alors, Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) a reçu 970 demandes en vertu de ces mesures. Dans son communiqué, IRCC reconnaît que de nombreuses personnes n’ont pas pu aller au bout de leur demande, ce qui a été critiqué par la société civile au Canada.
Le 6 août 2025, Le Devoir a publié une enquête mettant en lumière la hausse des cas de fraude en immigration.
Le phénomène n’est certes pas nouveau, mais il continue d’augmenter, malgré les mesures mises en place par Ottawa, alimenté par la volatilité du cadre réglementaire en immigration au Québec et au Canada.
Plusieurs facteurs, comme la barrière de la langue ou les changements et restrictions récents, dont les conséquences concrètes sur une demande peuvent en intimider certains et les pousser à faire appel à des professionnels pour les accompagner dans leurs démarches d’immigration, voire carrément les représenter contre rémunération — sans nécessairement savoir que ce type de services est très encadré.
La 6e édition du Sommet de l’immigration aura lieu le 24 septembre 2025 au Centrexpo Promutuel Assurance de Drummondville.
Organisé par Immigrant Québec Pro, cet événement annuel a pour objectif de rassembler l’ensemble des acteurs de l’immigration pour réfléchir, durant une journée, à des manières de gérer l’immigration.
Au programme, une thématique sur l’avenir de l’immigration au Québec sous le prisme de l’intégration, de l’économie et de la culture. Parmi des conférences et une activité de réseautage auront lieu trois séries de 5 ateliers, mais aussi une plénière en deux parties à la fin de la journée.
Le Sommet sera l’occasion, pour le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI), de dresser un portrait de l’immigration, en marge de la Planification stratégique 2026-2029.
Toute la programmation est disponible sur le site de l’événement.
Il est également possible de réserver son billet en ligne.
Le 30 juillet 2025, la Délégation générale du Québec à Bruxelles a publié les activités organisées en 2024 en Belgique, au Luxembourg, aux Pays-Bas, mais aussi aux institutions européennes.
Au total, ce sont 664 événements de diplomatie économique et d’influence qui ont été organisés, mais aussi 199 accompagnements d’entreprises québécoises et 320 rencontres d’affaires.
De plus, la Délégation a soutenu 42 projets culturels au Benelux.
En 2024, l’entente de mobilité étudiante universitaire a été renouvelée (avec des centaines de participants), de même que l’entente en recherche entre l’Institut des sciences de la mer (ISMER) de l’UQAR et l’Institut flamand de la mer (VLIZ), parmi de nombreux échanges académiques et d’expertise.
Le 30 juillet 2025, l’Institut de la statistique du Québec (ISQ) a publié ses perspectives démographiques de la province.
Les données mettent à jour celles publiées en 2023 par l’institut en fonction des nouvelles politiques et des tendances démographiques actuelles, notamment les restrictions en matière d’immigration, mais aussi le taux de fécondité et le nombre de décès.
L’ISQ propose ainsi trois scénarios possibles pour mieux entrevoir l’avenir de la population québécoise. Il faut s’attendre à une baisse de la population de 80 000 personnes d’ici 2030, à cause de la réduction de l’immigration temporaire.
En 2051, la population pourrait atteindre entre 7,84 millions et 10,61 millions d’habitants au plus optimiste, 9,2 millions étant la référence de 2025. Pour rappel, le Québec comptait en 2024 une population de 9,06 millions.
Ce sont la Capitale-Nationale (+21 %) et Drummondville (+17 %) qui enregistreront la plus grande croissance entre 2021 et 2051. A contrario, Montréal devrait enregistrer une baisse de 4,5 % de sa population à l’horizon 2051. Toutefois, à plus court terme, la ville risque de perdre jusqu’à 9,2 % de sa population d’ici 2030.
Le 8 août 2025, la Loi sur l’intégration à la nation québécoise est entrée en vigueur, après avoir été adoptée le 28 mai dernier.
Cette loi établit un nouveau modèle québécois face au multiculturalisme canadien. Elle repose sur plusieurs fondements, comme le partage d’une langue officielle et commune à toute la population, mais aussi à une « culture commune » québécoise. Les nouveaux arrivants doivent se conformer aux « valeurs » québécoises, telles que la démocratie, la lutte contre le racisme et la discrimination, l’égalité homme-femme ou la laïcité.
La loi sera évaluée dans cinq ans dans un rapport, et une politique nationale sur l’intégration à la nation québécoise et à la culture commune sera mise en place avant la prochaine élection provinciale de 2026.
Ce plan permettra de gérer concrètement l’accueil des personnes immigrantes, et donnera les détails d’application de la loi auprès des différents acteurs concernés, ainsi que sur les conséquences concrètes sur les personnes immigrantes.
Plusieurs sondages estivaux se sont intéressé à la position des Québécois sur la question de la souveraineté de la province.
En juillet 2025, un sondage CROP a été mené auprès de 1 000 personnes, révélant que 56% des jeunes de 18 à 34 ans seraient favorables à l’indépendance du Québec.
Ce sont surtout les francophones qui sont pour (50 %, contre 22 % des anglophones), en particulier en dehors des régions métropolitaines de Montréal (38 %) et de Québec (45 %).
En comparaison, ce sont 44 % de l’ensemble des répondants, tous âges confondus, qui se déclarent favorables à l’indépendance, et 41% qui voteraient ou seraient tentés de voter « oui si le référendum avait lieu aujourd’hui ».
Déjà en juin dernier, un sondage montrait une montée du souverainisme parmi cette même population. Un résultat lié à une « désillusion envers la capacité d’Ottawa à faire quelque chose pour leur vie », selon le président de la firme CROP, Alain Giguère.
Il pourrait aussi être lié aux problèmes liés aux tarifs douaniers avec les États-Unis qui ont ravivé un sentiment d’appartenance et de protection des intérêts québécois.
A contrario, une étude Léger du 20 août 2025 révèle un engouement beaucoup plus mesuré de la province pour l’indépendance. Aux termes du sondage, deux Québécois sur trois s’opposent ainsi à la souveraineté. Une donnée qui va dans le sens d’une précédente étude EKOS de juin 2025, selon laquelle « les Québécois ont largement abandonné leurs aspirations à quitter le Canada ».
Le secteur communautaire d’accueil et d’aide à l’intégration des personnes immigrantes interroge la réelle plus-value d’Accompagnement Québec, six ans après la création du service du MIFI.
Depuis 2019, Accompagnement Québec opère comme un filtre gouvernemental pour orienter les personnes immigrantes vers les services appropriés d’installation et d’intégration au Québec, et de suivre leurs démarches. Pour cela, la personne est mise en relation avec un Agent public d’aide à l’intégration (AAI).
Le service est volontaire, et il n’accompagne en réalité qu’une portion de l’ensemble des personnes qui arrivent au Québec — qui sont ensuite référées à des organismes communautaires locaux pour compléter leur cheminement.
Or, les organismes questionnent Accompagnement Québec sur deux points :
Pour le MIFI, les services offerts par Accompagnement Québec sont complémentaires à ceux offerts par les organismes, notamment parce qu’ils sont accessibles depuis l’étranger, avant l’arrivée des personnes immigrantes, ce qui permet un gain de temps par la suite.
Depuis février 2025, les Canadiens qui voyagent aux États-Unis ne peuvent plus choisir la lettre « x » pour identifier leur genre.
Ils doivent choisir entre homme et femme seulement pour leur adhésion Nexus, un service qui permet d’accélérer le passage à la frontière. Les personnes identifiées par un « x » garderont leur carte valide jusqu’à son renouvellement. Une carte Nexus est valide pendant cinq ans.
Cette décision découle d’un décret du président américain, selon lequel le gouvernement ne reconnaît que les genres masculin et féminin. Or, le programme, conjoint entre le Canada et les États-Unis, est hébergé sur un système américain géré par le Service américain des douanes et de la protection des frontières.
Le 17 septembre 2025 sera organisé le Forum sur le recrutement international à l’Hôtel Delta Saguenay de Jonquière.
C’est Promotion Saguenay qui est à l’origine de cet événement destiné aux employeurs qui veulent embaucher des travailleurs depuis l’étranger. L’idée est de leur donner des outils concrets pour réussir.
Des experts et partenaires seront présents, dont Daye Diallo, Vice–président – Politiques de main-d’œuvre et intelligence économique, Conseil du patronat du Québec, ainsi que l’autrice Kim Thúi, qui donnera une conférence sur l’importance de l’intégration et de l’accueil pour les personnes immigrantes.
Durant toute la journée, plusieurs ateliers seront offerts sur différents thèmes (les défis en région, la voie vers l’immigration permanente, le PTET, l’accueil par l’équipe, les politiques), ainsi qu’un cocktail de réseautage et une exposition.
Les inscriptions se font en ligne.
Le nombre d’étudiants inscrits au collégial à la rentrée 2025 atteint un record, en hausse de 5 % par rapport à 2024, et ce malgré un fort recul du nombre d’étudiants étrangers.
Les inscriptions sont en hausse dans toutes les régions du Québec, avec une mention particulière pour Lanaudière (+10 %), les Laurentides (+9,1 %), le Centre-du-Québec et Chaudière-Appalaches (+7,9 %), Laval (+6,5 %) ou encore la Montérégie (+6,3 %).
Au total, pas moins de 193 833 étudiantes et étudiants fréquentent ainsi les bancs du cégep en cette rentrée d’automne.
Ces chiffres permettent de compenser, au moins cette année, la diminution du nombre d’étudiants étrangers dans le réseau, en baisse de 6,8 % depuis 2024, pour s’établir à 8 652 inscrits en session ordinaire. Les étudiants étrangers représentent ainsi un peu moins de 4,5 % de la population étudiante au collégial.
À l’inverse, le réseau universitaire subit de plein fouet un recul beaucoup plus massif (-46 % en moyenne à l’automne) de la population étudiante étrangère, en particulier dans les cycles supérieurs.
La baisse était certes prévisible, puisqu’elle répond à une volonté politique claire de réduire le nombre d’étudiants étrangers, et qui s’est déjà traduite par plusieurs mesures, comme :
Autant de mesures qui ne sauraient inciter certains étudiants à choisir le Québec – ou à y rester.
Le 3 août 2025, la Gendarmerie royale du Canada a interpellé un camion qui tentait de traverser clandestinement la frontière depuis les États-Unis, avec 44 personnes migrantes à l’intérieur.
Ces personnes, interceptées près de Stanstead, ont été retrouvées « exténuées », « déshydratées » et « entassées » à l’intérieur du camion. Parmi elles, une majorité vient d’Haïti et quelques enfants étaient présents, ainsi qu’une femme enceinte.
Trois présumés passeurs ont été arrêtés et les 44 personnes ont été emmenées au poste frontalier de Stanstead, avant d’être, pour la plupart, transférées au poste de Saint-Bernard-de-Lacolle, plus adapté à traiter un si grand nombre de demandes. Le poste frontalier de Stanstead en reçoit, en effet, 120 par an pour tout l’est du Québec.
Toutes les personnes ont exprimé leur intention de demander l’asile, et l’Agence des services frontaliers (ASFC) évalue leur admissibilité. Certaines, manifestement non recevables, ont été renvoyées aux États-Unis.
Quelques jours avant cet événement, le 25 juillet, la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes (TCRI) avait publié une étude sur l’état des demandes d’asile à la frontière terrestre, dont la tendance au Canada est à la baisse, de façon importante.