On a tôt fait d’assimiler les termes d’attraction et d’attractivité, et les définitions des deux mots ne favorisent a priori pas la distinction. Selon le dictionnaire Larousse, l’attraction se définit comme une « action exercée sur les êtres animés par quelque chose (lieu, milieu, élément, etc.) qui les attire », tandis que l’attractivité — qui résulte de l’attraction — peut s’entendre comme « qui plaît, séduit, attire par son charme ; attrayant, captivant ». En d’autres termes, l’attraction relève des moyens mis en œuvre pour attirer, tandis que l’attractivité est le constat d’une situation, délibérée ou non, d’attraction.
L’attractivité a donc une part de subjectivité, car elle relève de critères que l’on ne maîtrise pas nécessairement. On peut mettre en place une mesure d’attraction, sans pour autant que celle-ci soit perçue comme telle par la personne visée, ce qui résulte en une « inattractivité » de fait.
Il est certain que le Québec est porteur d’attraction, autrement dit d’arguments : culture, ouverture à la diversité, qualité de vie, espaces, situation géographique stratégique, ressources naturelles, mais aussi perspectives d’emploi, etc. « Les tendances générales du marché du travail québécois se caractérisent par une évolution des taux d’activité et des taux d’emploi ainsi qu’une baisse des taux de chômage, ce qui entraîne un phénomène de rareté de main-d’œuvre », selon les termes du Plan stratégique 2019-2023 du ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI).
C’est le rôle du gouvernement du Québec, et au premier chef du MIFI, pour ce qui relève des mesures visant les personnes immigrantes, de veiller à favoriser à l’attraction de ces derniers dans la province. Et c’est l’objectif de l’employeur de mettre en place les actions nécessaires à l’attractivité des conditions d’emplois, pour favoriser l’intégration et la rétention de la main-d’œuvre étrangère.
Toutefois, l’attractivité de ces actions sera jugée à la libre appréciation du travailleur. Pour certains, l’attractivité d’un poste présenté par une entreprise québécoise va résulter d’une aide globale à l’installation, pour d’autres ce sera les services de francisation, ou encore l’aide à l’insertion sociale et professionnelle du conjoint ou la scolarisation des enfants.
Ce qu’on peut constater aujourd’hui, c’est le choix d’un grand nombre de talents internationaux à s’établir au Québec — en 2018, 51 118 personnes y ont été admises. Au regard de ces chiffres, l’attraction pour le Québec ne fait aucun doute. Mais il s’agit ensuite d’accepter de laisser les personnes immigrantes juger de ce qui en fait l’attractivité, pour elles-mêmes.