Alors que la vaccination progresse rapidement, les gouvernements se préparent à une sortie de crise. Les mesures de déconfinement sont timides et les voyages sont toujours soumis à des conditions strictes d’accès au territoire. Mais les entreprises reprennent progressivement leurs activités et la pénurie de main-d’œuvre se fait plus que jamais ressentir. Le secteur économique en demande davantage.
Au programme ce mois-ci :
- Le gouvernement fédéral compte délivrer des permis de travail ouverts aux étrangers qui attendent leur résidence permanente présentée depuis le Québec ;
- Le Commissaire à l’information pointe du doigt la transparence d’IRCC, IRCC réagit ;
- Une part importante du budget fédéral 2021 allouée à l’immigration ;
- Les entreprises ont besoin de plus d’aide en région pour relancer leur économie ;
- La Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) demande plus d’actions pour l’immigration et la pénurie de main-d’œuvre ;
- Conditions de maîtrise du français assouplies pour les travailleurs de certains secteurs ;
- Près de 300 000 $ CAN aux TI pour recruter des travailleurs étrangers ;
- Reconnaissance des compétences des personnes immigrantes : déploiement d’une formation d’appoint en hygiène dentaire ;
- Le projet de Loi 96 a été déposé pour renforcer le français.
Vers le passage de certains permis de travail fermés à des permis ouverts
L’information n’est pas encore officielle, mais elle circule depuis quelques jours. Il est question de transformer les permis de travail fermés des demandeurs en attente de la résidence permanente en permis ouverts.
Cette mesure permettrait aux nombreux travailleurs étrangers concernés de changer d’employeur ou de trouver un nouvel emploi librement, sans avoir à soumettre une nouvelle demande de permis de travail auprès d’IRCC.
Elle intervient en réponse aux deux à trois ans d’attente pour obtenir la résidence permanente pour les personnes sélectionnées par le Québec. Déjà active dans les autres provinces et territoires du Canada, elle devrait être mise en place dans les prochains mois. Cela relève d’une entente entre Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) et le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI), qui s’est débloquée ces dernières semaines, selon IRCC.
Le Commissaire à l’information pointe du doigt la transparence d’IRCC
La Commissaire à l’information du Canada révèle les résultats d’une enquête systémique sur le traitement des demandes d’accès à l’information des demandeurs ou de leurs représentants sur les dossiers d’immigration, auprès d’IRCC. Le rapport a été déposé au Parlement le 25 mai 2021.
Près de 99 %, des demandes d’accès à l’information reçues par IRCC concernent des dossiers d’immigration. Leur nombre a augmenté de 42 % en 2019-2020. Pour la Commissaire, ce fort taux de demandes d’accès révèle que les personnes immigrantes manquent de moyens pour accéder à leurs informations, comme le simple état de leur dossier. Elle demande que d’autres méthodes soient fournies aux utilisateurs pour obtenir leurs informations. La deuxième priorité serait de traiter les demandes d’accès plus rapidement.
Plusieurs pistes d’améliorations sont suggérées comme le fait de plus détailler les lettres de refus de permis temporaires ou la modernisation de la plateforme numérique d’IRCC.
Pour accéder au rapport systémique.
En réponse à ce rapport, IRCC a annoncé, le 26 mai 2021, un plan d’action de gestion de l’accès à l’information et de protection des renseignements personnels (AIPRP). Cela inclut :
- Plus de transparence sur les dossiers et des informations plus accessibles pour les utilisateurs de MonDossier ;
- Plus de détails sur les refus ;
- Des délais de réponse réduits ;
- Des systèmes rationalisés ;
Pour accéder au communiqué d’IRCC.
Budget 2021 : le fédéral alloue une enveloppe importante à l’immigration
Justement, dans l’objectif de relancer l’économie, IRCC compte se doter d’un budget solide pour améliorer ses services.
428,9 millions seront ainsi investis sur cinq ans pour développer une meilleure plateforme de traitement des demandes. Près de 55 millions sur trois ans seront destinés au contrôle des conditions de travail et du salaire des personnes immigrantes.
IRCC compte aussi soutenir les demandes des minorités racisées avec un budget de 15 millions de dollars sur deux ans, améliorer le Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET), accélérer le traitement des demandes de résidence permanente, améliorer le programme d’immigration Entrée express (dont le Québec est exclu), et enfin améliorer le soutien à la clientèle, grâce à un budget de 74 millions de dollars sur 3 ans.
Pour accéder au communiqué d’IRCC.
Les entreprises ont besoin de plus d’aide en région pour relancer leur économie
Les régions du Québec sont toujours sous tension, et les effets de la pandémie ne font qu’ajouter à une situation déjà difficile. C’est ce que révèle une étude de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI).
Plus d’efforts sont demandés pour aider leur relance économique. Deux tiers des PME souffrent de la pénurie de main-d’œuvre. Et c’est d’autant plus le cas pour les régions éloignées. 53 % des propriétaires de PME (largement majoritaires au Québec) se sentent délaissés du gouvernement. Ce pourcentage atteint 38 % en régions éloignées.
Les patrons demandent donc un plan plus poussé pour répondre à leurs besoins structurels et organisationnels : mettre en place de l’internet à haute vitesse, encourager à l’entrepreneuriat, améliorer la formation et la régionalisation de l’immigration pour contrer la pénurie de main-d’œuvre, etc.
Pour ce faire, les PME veulent être proactives, plus autonomes et participer à la prise de décision.
Pour consulter le rapport de la FCEI.
La Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) demande plus d’actions pour l’immigration et la pénurie de main-d’œuvre
La FCCQ presse le gouvernement de lancer une large consultation pour revoir les règles en matière d’immigration, et s’attaquer à la pénurie de main-d’œuvre avec un arsenal adéquat.
Elle dénonce la fuite des travailleurs étrangers vers d’autres provinces, les délais de traitement de demandes d’immigration au niveau fédéral, ainsi qu’une planification trop court-termiste de l’immigration au Québec.
Selon le président-directeur général de la FCCQ, Charles Milliard, la consultation devrait se dérouler partout au Québec, car les régions sont fortement touchées par ces enjeux, mais aussi s’adresser à tous les acteurs concernés.
Conditions de maîtrise du français assouplies pour certains travailleurs
Le gouvernement, décidément peu avare en annonces, a laissé entendre que les conditions de maîtrise du français seront réduites, sous conditions, à l’endroit de certains travailleurs étrangers. L’idée consiste à être moins exigeant sur le niveau des travailleurs au moment de leur demande d’immigration, et ainsi permettre qu’ils soient quand même sélectionnés — et, ultimement, qu’ils puissent venir travailler au Québec pour répondre aux demandes des entreprises. En contrepartie, ces personnes devront s’engager formellement à se franciser a posteriori, et devront suivre des cours de français à leur arrivée.
On attend une annonce officielle en ce sens, ainsi que les détails de cet « engagement », dans son application concrète et la façon dont on mesurera l’atteinte de leurs objectifs par ces personnes.
Pour accéder à l’article de Radio-Canada.
Près de 300 000 $ CAN aux TI pour recruter des travailleurs étrangers
Le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale (MTESS) offre du concret pour le secteur des Technologies de l’information.
298 611 $ CAN seront alloués à Maillon Techno, un projet qui met en relation les entreprises et les candidats qualifiés issus de l’immigration, jeunes diplômés ou autres. Seront priorisés les candidats admissibles à la Subvention salariale d’intégration en emploi (SSIE) et au Programme d’aide à l’intégration des immigrants et des minorités visibles en emploi (PRIIME).
Cette annonce s’inscrit dans le plan du MTESS pour relancer l’économie et faire face à la pénurie de main-d’œuvre et dans le budget de 20 millions de dollars dédié au TI.
Pour accéder au communiqué du MTESS.
Déploiement d’une formation d’appoint en hygiène dentaire
Le MIFI a annoncé le 27 mai 2021 l’octroi d’une enveloppe de près de 555 000 $ CAN au Cégep de Saint-Hyacinthe pour la création d’une attestation d’études collégiales (AEC) d’une durée de 975 heures, pour faciliter et accélérer l’admissibilité à l’Ordre des hygiénistes dentaires du Québec (et donc l’exercice de la profession) des personnes immigrantes ou formées à l’étranger.
Les admissions seront recevables dès le mois de juin 2021, tandis que la dispense des premiers cours est prévue courant août 2021.
Le projet de Loi 96 a été déposé pour renforcer le français
Ce projet de loi sur la langue officielle et commune du français intervient pour modifier la Loi 101, ou Charte de la langue française, adoptée en 1977.
À travers cette réforme, le gouvernement veut renforcer la présence du français et le protéger face à l’anglais. Et cela concerne tous les secteurs : services publics, éducation, immigration, entreprises, commerces, affaires, justice. Un budget de 104 millions de dollars sera injecté sur 5 ans à ces fins.
Si elle est votée dans sa totalité, cette loi pourrait faire du français la seule langue officielle du Québec. Il deviendrait la langue commune à la « nation québécoise » et donc la seule langue d’intégration des personnes immigrantes.
Par exemple, le français sera la seule langue utilisée par les services de l’État, alors que jusqu’à maintenant, chacun pouvait demander à être servi en anglais. Il en va de même dans le monde du travail.
Quant à l’immigration, le service Francisation Québec sera créé pour devenir le point d’accès unique à l’apprentissage du français des personnes immigrantes.