Il n’est pas facile de briser l’isolement des travailleurs étrangers temporaires. Et cette réalité est encore plus importante en contexte de pandémie avec les mesures sanitaires en place. Plusieurs organismes ont donc décidé d’organiser des activités afin de s’attaquer à cette problématique. Ces activités sont financées par le gouvernement du Canada par le biais du Programme des travailleurs étrangers temporaires.
Randonnée au mont Pinacle. Promenade au parc de la Gorge de Coaticook. Sortie de pêche au Parc Découverte Nature. Visite au rodéo d’Ayer’s Cliff. Ateliers de cuisine collective. Parties de soccer. Autant d’activités offertes au cours des derniers mois dans le cadre du projet « Ensemble, on sème ». Une initiative qui aura permis à l’organisme Actions interculturelles de développement et d’éducation (AIDE) de rejoindre plus de 80 travailleurs répartis dans plusieurs fermes situées autour de Coaticook, en Estrie.
Tisser des liens avec la communauté d’accueil
En plus de créer des liens entre ces nouveaux arrivants, ces différentes activités ont aussi permis de favoriser leur intégration dans leur communauté d’accueil, en stimulant les contacts avec la population locale, note l’organisme. À ce chapitre, le projet « Ensemble, on sème » a bénéficié d’une intéressante couverture médiatique. Par exemple, le journal L’Écho de Compton a publié une édition spéciale complètement en espagnol qui présentait l’initiative et ses activités. Des articles qui ont incité d’autres propriétaires de fermes à diriger leurs travailleurs étrangers temporaires vers l’organisme. Plusieurs acteurs locaux, des municipalités, des députés ou des intervenants d’organismes communautaires, ont aussi mis la main à la pâte de ce projet, qui se poursuit jusqu’au 15 décembre 2021.
Ces rencontres sur le terrain ont aussi permis à l’équipe d’intervenir auprès des travailleurs et de leur offrir un suivi personnalisé. D’ailleurs, plusieurs participants ont dit avoir apprécié le fait que les intervenants parlaient autant le français que l’espagnol, favorisant du coup les liens entre les travailleurs et leur milieu. De plus, en leur faisant découvrir la région, l’équipe de l’organisme AIDE tentait ainsi d’augmenter l’autonomie des travailleurs. D’ailleurs, sept vélos ont été remis pour aider les travailleurs agricoles temporaires à se déplacer.
De plus, l’organisme a aussi mis sur pied différents outils de communication destinés aux équipes des travailleurs étrangers temporaires agricoles ainsi qu’aux propriétaires de fermes, comme des séances d’informations ou des vidéos informatives et pratiques. Autant d’activités qui continuent de se déployer dans la deuxième phase de ce projet annoncé plus tôt cette année.
Réunion autour du ballon rond
À Shawinigan, c’est par le biais du sport qu’on a tenté de créer des liens avec la communauté. Ainsi, les résidents de la municipalité de la Mauricie ont affronté des travailleurs agricoles temporaires de la région le temps d’un match de soccer amical. Les participants et les spectateurs ont pu ensuite reprendre leurs forces autour d’un repas typique québécois. Une initiative portée par le Service d’accueil des nouveaux arrivants (SANA) de Shawinigan qui a orchestré différentes activités destinées à cette clientèle durant les derniers mois.
Même si le SANA n’a pas prolongé ses services offerts aux travailleurs étrangers temporaires au-delà du 30 juin, première phase du projet financé par le gouvernement du Canada, l’équipe prévoyait tout de même d’organiser d’autres matchs du genre au-delà de cette date. De même, l’organisme trace un bilan positif de son expérience qui lui a permis d’approcher une clientèle de travailleurs étrangers temporaires avec laquelle l’organisme avait très peu de contacts auparavant.
Ce soutien aura aussi permis aux intervenants de créer différents outils très pratiques pour ce type de travailleurs, comme une affiche en espagnol illustrant le fonctionnement du guichet et accrochée directement à la succursale de la Banque Nationale de Shawinigan. En plus de se rendre dans certaines fermes à la rencontre des travailleurs, le SANA a aussi distribué une centaine de gourdes et de casquettes aux équipes déployées sur les fermes.
Parmi les idées gagnantes de l’organisme, la création d’une carte géographique de la ville présentant différents commerces fréquentés par ces nouveaux arrivants, comme l’épicerie, la pharmacie, la friperie ou la poste. L’équipe a aussi conçu un petit lexique franco-espagnol présentant quelques mots utiles dans le cadre de leur travail et à l’extérieur de la ferme.
Rebâtir son réseau
De son côté, le Centre d’appui aux communautés immigrantes (CACI) de Bordeaux-Cartierville a lui aussi mis à l’horaire différentes activités favorisant les rencontres. Ce qui a permis de tisser des liens d’amitié durable entre les travailleurs des différents milieux de travail et les membres de société d’accueil observe l’organisme.
Par exemple, l’équipe a profité de l’organisation d’une conférence pour inviter ensuite les participants à une activité de réseautage. Au total, une cinquantaine de travailleurs étrangers temporaires ont pu se renseigner sur les questions de droit autour du permis de travail, mais aussi partager entre eux leur expérience et tisser des liens.
Une activité d’autant plus intéressante que les travailleurs temporaires touchés œuvraient dans différents secteurs de l’économie, pour la grande majorité en dehors du secteur agricole. Il aurait donc été difficile pour eux de se rencontrer sans ces activités concertées. Les participants ont aussi été invités à pique-niquer sur un bateau-mouche navigant sur le fleuve Saint-Laurent. Une activité familiale qui a été particulièrement appréciée par les travailleurs étrangers.
L’accompagnement offert aux travailleurs étrangers temporaires par la CACI s’est concrétisé sous différentes formes, que ce soit des séances d’information, de l’aide juridique ou des services de traduction et d’interprétation. Dans les prochains mois, cette offre sera aussi bonifiée, alors que l’équipe prévoit accompagner 450 nouveaux travailleurs étrangers temporaires autour de la question du permis de travail, en plus de leur offrir un accompagnement psychosocial ou du soutien par rapport au travail.
Au menu également : l’organisation d’un salon des ressources pour cette clientèle qui réunira autant des consultants en immigration que des psychologues ou encore des représentants du système de santé. Le CACI prépare aussi différentes activités sociales et culturelles, dont une fête de Noël. Un projet qui se terminera, lui aussi, le 15 décembre 2021.