Les travailleurs étrangers temporaires agricoles commencent à arriver en grand nombre en sol québécois. Sur le terrain, dix-sept organismes québécois sont à pied d’œuvre pour les accueillir dans les meilleures conditions. Les projets qui soutiendront et informeront les travailleurs tout au cours de la saison estivale, sont financés par le gouvernement du Canada par le biais du Programme des travailleurs étrangers temporaires.
Nouveauté cette année, la Corporation de développement économique de la MRC de Montmagny (CEDMM) ajoutera un volet complémentaire à ses activités. Déjà impliqué auprès des travailleurs issus de l’immigration de sa région, l’organisme avait, jusqu’à l’été 2021, peu de liens avec les travailleurs étrangers temporaires du secteur agricole, explique Béatrice St-Pierre, agente de développement à l’immigration. « C’est une communauté qui est relativement isolée, et je pense que nous ne connaissions qu’un seul travailleur de ce domaine sur les 350 auprès de qui nous sommes déjà intervenus. »
La donne a changé en 2021, quand l’équipe a été approchée par la municipalité de Saint-François-de-la-Rivière-du-Sud, où se concentre la majorité des exploitations agricoles de la région. « Ils avaient été contactés par la ferme Saniben, qui voulait aider les travailleurs étrangers temporaires à sortir de leur isolement, à être plus épanouis, mieux intégrés. » L’idée de la création d’une ligne de soccer, ouverte à tous les travailleurs étrangers temporaires ainsi qu’aux habitants de la région, est alors née.
« Cela nous a aussi donné l’idée d’organiser le premier festival agricole interculturel du Québec, en octobre 2021, qui a réuni des travailleurs étrangers temporaires non seulement du domaine agricole, mais aussi d’ailleurs, ainsi que la population locale », souligne Béatrice St-Pierre. Plus de 200 personnes ont participé aux différentes activités. « Cela nous a permis d’établir un premier contact avec une cinquantaine de travailleurs du domaine. »
Offrir des services spécialisés
Au fil du temps, l’organisme a réalisé qu’il y avait un besoin important pour certains travailleurs plus spécialisés, qui sortaient de ce que la CEDMM pouvait offrir. C’est pourquoi, grâce au soutien du gouvernement du Canada, il a décidé d’offrir des services professionnels liés à l’immigration et au domaine psychosocial. « Nous n’avions pas la formation pour les aider à naviguer avec ces enjeux qui ont été exacerbés par la pandémie, alors que les procédures sont plus complexes, s’allongent, et peuvent occasionner des délais pour ceux qui veulent faire venir leur famille », souligne Béatrice St-Pierre.
La CEDMM offrira donc aux travailleurs étrangers temporaires qui en ont besoin deux heures de consultation avec un avocat ou autre spécialiste en immigration. « Ce sont des services qui coûtent cher et il n’y avait pas d’organisme dans notre région qui offrait cela à un coût accessible à tous », précise-t-elle. Sur le même principe, il sera aussi possible d’obtenir de l’aide psychosociale, avec un psychologue, un orthophoniste pour les enfants, ou encore un médiateur en cas de séparation. « Nous avons voulu conserver ce volet très large, pour nous assurer de bien couvrir les besoins des travailleurs », mentionne l’intervenante.
Comme plusieurs travailleurs étrangers temporaires ne parlent ni français ni anglais, ils pourront aussi être accompagnés par un traducteur lors de leurs rendez-vous. « Nous avons aussi trois ordinateurs qui sont mis à leur disposition dans nos locaux, pour les rencontres qui doivent se dérouler à distance », ajoute-t-elle.
D’ici le 30 septembre 2022, l’organisme prévoit rejoindre 45 personnes avec ce nouveau service. « Notre projet ne touche pas que les travailleurs étrangers temporaires du domaine agricole, mais cela pourra leur être particulièrement utile, car les défis qu’ils vivent sont plus grands », analyse Béatrice St-Pierre.
D’autres organismes en appui
Si la CEDMM fait partie des nouvelles recrues du programme cette année, plusieurs autres seront de nouveau au rendez-vous cette année. C’est le cas du Réseau d’aide aux travailleuses et travailleurs migrants agricoles du Québec (RATTMAQ) qui se trouve encore cette année à l’aéroport international de Montréal pour accueillir les nouveaux arrivants à la sortie de l’avion. Leur kiosque permet aux intervenants d’établir un premier contact avec ces travailleurs, en plus de leur donner plusieurs informations pour faciliter leur séjour ici.
Encore une fois cette année, les travailleurs étrangers temporaires agricoles pourront aussi utiliser la ligne 1-800 lancée par la Fédération de l’Union des producteurs agricoles [UPA] de la Montérégie, en septembre 2021. Grâce aux numéros 1-888-454-3998 (par téléphone) et 514-235-2765 (par l’application WhatsApp), ils pourront avoir réponse à plusieurs de leurs questions, notamment sur la fiscalité et leurs droits au travail. Sans oublier AGRI-connexion, une application pour aider les travailleurs agricoles, disponible gratuitement sur l’Apple App Store ainsi que sur Google Play. Une initiative pilotée par l’organisme AGRIcarrières.
Un réseau qui s’élargit
De plus, les liens entre les organismes se renforcent au fil du temps. Une étape importante a d’ailleurs été franchie en ce sens en avril 2022, alors qu’une douzaine d’entre eux ont rencontré les représentants des consulats du Guatemala et du Mexique, deux pays qui comptent de nombreux travailleurs temporaires au Québec. À l’initiative d’Immigrant Québec, qui a aussi pris part activement à la rencontre, les intervenants ont discuté des besoins et des actions à mener.
Les participants ont aussi pu entamer la discussion sur les différents partenariats possibles pour faire face aux défis que vivent les travailleurs agricoles de ces deux pays. Dans la même veine, Immigrant Québec s’est envolé vers Vancouver en mars 2022 pour participer au congrès Metropolis Canada. Cette rencontre, qui portait sur le thème « Rouvrir le Canada : un regard sur l’avenir de l’immigration, de l’établissement et de l’intégration », aura permis aux participants de faire non seulement le plein d’idées, mais aussi de rencontrer certains organismes qui partagent la même mission et viennent des quatre coins du pays.
Ces différentes initiatives ont été sélectionnées pour soutenir et informer les travailleurs étrangers temporaires, dans le cadre d’un programme de soutien qui a été mis sur pied en 2021 par le gouvernement du Canada et reconduit jusqu’au 30 septembre 2022. Ces projets sont financés par le gouvernement du Canada, par le biais du Programme des travailleurs étrangers temporaires, et coordonnés par Immigrant Québec.
Photo : Markus Spiske