Qu’ont à nous apprendre les acteurs de l’immigration francophone au Canada ? Immigrant Québec est allé à leur rencontre. Après l’Ontario et la grande région de Toronto, nous mettons le cap sur les Maritimes, et plus précisément le Nouveau-Brunswick.
Au début des années 2000, la Société nationale de l’Acadie « a constaté l’importance de l’immigration francophone dans le cadre de la préservation du patrimoine culturel et linguistique francophone », raconte Michel Denis Richard, coordonnateur du Comité atlantique sur l’immigration francophone (CAIF), d’ailleurs né de ce constat.
Le CAIF travaille en collaboration avec la Fédération des communautés francophones et acadiennes (FCFA), et rassemble des acteurs majeurs des quatre provinces de l’Atlantique : les réseaux en immigration francophone, en développement économique et en employabilité, ainsi que différentes structures gouvernementales qui « travaillent en faveur de l’immigration francophone ».
Un travail collaboratif, axé sur le partage de bonnes pratiques et le développement de partenariats intra et interprovinciaux.
Des gains mitigés
Dans la seule province officiellement bilingue du Canada, il semblerait que le poids démographique de l’immigration francophone est en voie d’amélioration. Environ 22 % des 10 241 nouveaux résidents permanents au Nouveau-Brunswick en 2022 sont francophones, selon les chiffres d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC). Une hausse de 5 % à 7 %, estiment les experts.
Les étudiants internationaux constituent aussi un bassin important d’immigrants francophones, d’après Michel Denis Richard. « […] Si on n’avait pas aujourd’hui les étudiants internationaux, plusieurs programmes de formation, même des établissements d’enseignement postsecondaires, n’arriveraient pas à survivre », déplore-t-il.
Mais le défi ne s’arrête pas là. Les étudiants internationaux « arrivent ici, font une formation en français, et par la suite ils ont beaucoup de difficulté à intégrer le marché du travail, parce que même si on a des communautés francophones, on est quand même dans une région à majorité anglophone. Ces gens-là ont besoin d’avoir une base en anglais pour s’intégrer sur le marché du travail. À défaut, ils vont déménager au Québec, où ils n’ont pas nécessairement besoin de maîtriser l’anglais pour travailler », expose Michel Denis Richard.
La difficulté de trouver du logement, ou encore la prédominance de la ruralité peuvent aussi pousser les nouveaux arrivants francophones à quitter la province au bout de quelques mois pour Montréal, Toronto, ou d’autres grands centres urbains à travers le pays.
Renverser la vapeur
Au CAIF, Michel Denis Richard et son équipe ne baissent pourtant pas les bras.
En ce sens, le coordonnateur salue l’initiative nationale menée par la FCFA : les communautés francophones accueillantes.
Quatorze zones ont été ciblées à travers le pays parce qu’elles « se surpassent pour offrir des services aux nouveaux arrivants d’expression française et les aider à s’établir ainsi qu’à réaliser leur projet de vie au Canada », peut-on lire sur le site de l’IRCC.
Mené sur une base volontaire, le projet « permet aux communautés des régions rurales de participer à l’accueil, à l’intégration et à la rétention des nouveaux arrivants », détaille Michel Denis Richard.
Au Nouveau-Brunswick, c’est la région du Haut-Saint-Jean a été sacrée communauté francophone accueillante, avec une population à plus de 90 % francophone. Une centaine de bénévoles se sont mobilisés, en 2021, pour y accueillir 13 familles originaires du Togo. En plus du soutien des habitants, les personnes immigrantes peuvent faire appel aux services du Centre de ressources pour nouveaux arrivants au Nord-Ouest pour la recherche d’emploi, de logement, les démarches administratives et bien d’autres demandes.
« Une histoire à succès », se réjouit Michel Denis Richard.
Photo : James Ting