En 2022, l’immigration a atteint de nouveaux sommets dans les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), d’après un rapport rendu public le 23 octobre 2023.
La zone de l’OCDE a vu s’installer 6,1 millions d’immigrants permanents supplémentaires sur son territoire en 2022, si on exclut les réfugiés ukrainiens. Une hausse de 26 % par rapport à l’année précédente, et son niveau le plus haut depuis 2005.
L’augmentation des admissions pour des motifs humanitaires et de la régularisation de l’immigration de travailleurs étrangers et de leurs familles expliquent en partie ces résultats.
Résultats
Deux fois plus de demandes d’asiles ont été déposées dans les pays de l’OCDE par rapport à 2021, soit plus de deux millions. Il s’agit du nombre le plus important jamais enregistré. Le précédent record, qui remonte aux années 2015-2016, s’élevait à 1,7 million de personnes. Le rapport attribue principalement ces chiffres à la hausse des entrées aux États-Unis — l’un des 20 membres fondateurs de l’organisation, avec le Canada. En juin de cette année, on comptait environ 4,7 millions de réfugiés en provenance d’Ukraine, déplacés dans les pays de l’OCDE.
Le nombre d’étudiants internationaux a frôlé les deux millions, un autre record. L’immigration temporaire pour travailler a, quant à elle, dépassé légèrement les seuils prépandémiques.
Avec 375 000 nouveaux citoyens pour 2022, le Canada s’adjuge le tiers de l’augmentation des acquisitions de nationalité dans les pays de l’OCDE (+174 % par rapport à 2021), selon « des données préliminaires et partielles ».
Un chapitre du rapport est également dédié à l’insertion professionnelle des mères immigrantes, qui ont toujours moins accès au marché de l’emploi que les hommes immigrants. « Différentes possibilités s’offrent aux pays pour éliminer les obstacles auxquels se heurtent les mères immigrantes désireuses de participer à des programmes d’intégration : modalités flexibles, délais d’accomplissement plus longs, services de garde d’enfants et/ou niveau de participation moins intensif », rappelle-t-on.
Marché du travail et immigration économique
Le 47e rapport du Système d’observation permanente des migrations de l’OCDE témoigne également d’une amélioration de la situation des personnes immigrantes sur le marché du travail, suite à la « dégradation brutale » qui s’est opérée en 2019-2020.
En dépit de leur surreprésentation dans les emplois dits de première ligne, « la pandémie de COVID-19 a eu dans la plupart des pays de l’OCDE des conséquences beaucoup plus négatives sur eux que sur leurs homologues nés dans le pays ». Le rapport statue par ailleurs sur le fait que « les effets de la crise sanitaire sur la situation de l’emploi des personnes immigrantes ont maintenant pris fin ». Près de 70 % d’entre eux avaient un emploi en 2022, et moins de 8 % étaient au chômage.
Des résultats principalement dus aux « tensions sur les marchés du travail et des pénuries importantes de main-d’œuvre et de compétences dans de nombreuses économies de l’OCDE », déclarait le Secrétaire général de l’OCDE, Mathias Cormann.
Ces conditions économiques auraient poussé les dirigeants de plusieurs pays de l’OCDE à placer les politiques migratoires au cœur de leurs préoccupations, entraînant des réformes visant l’augmentation des seuils d’immigration dans le but de répondre à ces problématiques.
Toujours dans l’objectif d’attirer de la main-d’œuvre, certains pays membres chercheraient à simplifier leurs procédures d’immigration. D’autres pays membres cherchent, eux, à limiter les flux migratoires.
En matière d’immigration économique, la tendance serait à viser une immigration économique plus sélective, en ce qui concerne les compétences professionnelles ou en ciblant des professions ou des secteurs d’activités spécifiques.
Attractivité et rétention
Une multiplication d’accords bilatéraux et de partenariats sur la migration et la mobilité voit le jour entre les pays de l’OCDE, dans le but d’attirer les travailleurs immigrants.
Des accords ont par exemple été conclus par le Portugal, l’Allemagne et l’Autriche avec l’Inde, pays d’émigration déjà engagé avec d’autres pays de l’OCDE dans le cadre d’ententes similaires. Entre autres efforts, l’Espagne a lancé un accord de migrations circulaires avec le Guatemala, pour faciliter la venue de travailleurs agricoles saisonniers. Autre exemple, l’Allemagne a mis en place et élargi certains accords prévoyant la reconnaissance des qualifications des travailleurs recrutés dès leur entrée en emploi.
Afin de répondre aux problèmes d’adéquation du marché du travail, « un obstacle au recrutement international », certains pays de l’organisation délivrent des visas spécifiques à la recherche d’emploi.
En termes de rétention, le rapport met de l’avant le projet d’amélioration du titre de séjour permanent pour les travailleurs immigrants qualifiés, porté par l’Australie, dans le but d’attirer des travailleurs hautement qualifiés tout en limitant les migrations temporaires. Plusieurs membres de l’OCDE misent aussi sur la rétention des étudiants internationaux au terme de leurs études, afin de répondre à leurs besoins de main-d’œuvre.
Le Canada en exemple
Bien que le Canada soit exclu d’accords et d’ententes européens comme les Partenariats destinés à attirer des talents, il se démarque dans l’attraction et l’insertion en emploi de travailleurs immigrants.
Le rapport y fait état de 406 000 nouveaux immigrants « à long terme ou permanents » en 2021, une augmentation de 120 % relativement à 2020. Là-dessus, 41,8 % sont des travailleurs immigrants.
En 2022, la participation des personnes nées à l’étranger sur le marché du travail canadien est quasi équivalente à celle des personnes nées au Canada, avec un taux de 79,9 %, soit plus de deux points supplémentaires que la moyenne des pays de l’OCDE.
Sont par ailleurs soulignés les efforts du Canada en matière d’intégration, de régionalisation, d’intégration des femmes en emploi, mais aussi pour ses mécanismes d’accueil et de protection des personnes pour des raisons humanitaires.