Article mis à jour le 9 mai 2024
Ville d’accueil aux réfugiés, Victoriaville prend à cœur et à corps l’inclusion des nouveaux arrivants dans sa communauté.
Aujourd’hui confrontée à la pénurie de main-d’œuvre qui, comme partout dans la province, entraîne les entreprises à, entre autres solutions, se tourner vers l’international pour recruter, la Ville de Victoriaville continue de faire de l’inclusion une politique au service de la cohésion sociale.
En trame de fond des politiques publiques portées par la ville de près de 50 000 habitants se devine une « longue tradition d’accueil des personnes nouvellement arrivées », confirme le conseiller municipal Patrick Paulin.
Petite histoire d’une grande initiative
Désignée comme l’une des 14 villes d’accueil au Québec pour offrir des services aux personnes immigrantes et réfugiés pris en charge par l’État, la municipalité a l’habitude de collaborer avec des acteurs clés de l’immigration comme le Comité d’accueil international des Bois-Francs (CAIBF) pour faciliter l’intégration de ses nouveaux habitants.
Ce n’est qu’il y a environ dix ans que la ville crée une première table de concertation en immigration. Elle offre « l’occasion de comprendre comment on peut mieux se connaître en tant qu’organisations, pour voir quels services on peut le mieux dispenser », croit son président.
La table produit divers outils, comme un guide, un répertoire de services et d’organismes, traduit dans plusieurs langues, dont l’espagnol, l’arabe ou le swahili. Puis, si la pandémie « freine » un peu les efforts de la Ville, elle devient aussi un levier pour la MRC d’Arthabaska, à laquelle est rattachée Victoriaville : elle crée un comité permanent sur l’immigration.
« Il y a de plus en plus d’immigrants sur notre territoire, et on veut porter un message d’inclusion, un message politique, donc se donner les moyens politiques et administratifs de se doter d’outils, de pratiques qui vont permettre un meilleur accueil, une meilleure intégration, mais surtout, une rétention accrue de nos immigrants », explique Patrick Paulin. Une nécessité, pour une ville qui voit sa jeunesse partir vers les grands centres urbains pour étudier, et dont 35 % de la population sera âgée de plus de 65 ans d’ici à 2030, d’après le conseiller municipal.
Prévenir avant de réagir
Cette hausse de l’immigration vient avec ses défis. En premier lieu desquels, l’accès difficile à la francisation et la « mécompréhension de l’acquisition de la langue française », estime Patrick Paulin. En ce qui concerne la francisation des réfugiés, « est-ce qu’on ne pourrait pas penser un peu en dehors de la boîte et faire de la francisation dans les lieux de travail, dans les commerces, pour permettre à ces gens-là de ne pas être assistés, mais de participer à leur communauté, notamment par le travail », s’interroge-t-il.
Il soulève aussi le défi de faire dialoguer le secteur public et le monde économique, afin de répondre aux besoins des employeurs tout en prenant en compte « la capacité d’accueil de la communauté en termes de logements et de transports publics ».
Le conseiller municipal s’inquiète aussi d’une « polarisation du discours » autour de l’immigration. « Quand une collectivité est confrontée à des problématiques, économiques ou culturelles, il faut trouver des boucs émissaires », estime-t-il. La clé, pour éviter la responsabilisation des immigrants pour tous les maux de la communauté ? La sensibilisation, mais aussi « d’être dans une attitude préventive », d’anticiper les besoins des nouveaux arrivants avant de multiplier les missions de recrutement à l’international, par exemple.
Jouer les ambassadeurs
Pour cela, la Ville de Victoriaville s’engage notamment à collaborer avec les différents acteurs de son territoire pour accompagner les entreprises accueillantes et préparer leur personnel.
« Il faut s’assurer que la communauté est prête à les accueillir comme des citoyens à part entière, même s’ils sont temporairement chez nous, et non pas comme des unités productives », juge Patrick Paulin.
Avec le soutien de la municipalité, le CAIBF organise d’ailleurs chaque année la Fête de la diversité, durant laquelle « les élus invitent la population québécoise à rencontrer les immigrants et vice versa, rencontrer leur culture, leur façon de vivre », décrit-il.
Afin de « motiver le maillage des cultures dans nos communautés […] de défaire les mythes et les préjugés », Patrick Paulin invite les élus de la province à jouer un rôle « d’ambassadeurs » de l’ouverture, de la curiosité et de l’inclusion. À l’exemple de Victoriaville.
Photo : Jmvkrecords, Creative Commons