Comment réussir un projet d’étude, de travail et d’immigration en même temps ? Nous avons posé la question aux spécialistes de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC), qui ont plus de 20 ans d’expérience dans l’accompagnement d’étudiants étrangers.
Ce n’est un secret pour personne : la réussite d’un projet d’immigration se joue bien avant l’arrivée.
Pour les futurs étudiants comme pour l’établissement d’accueil, la préparation est la clé, explique Guylaine Boivin, directrice du Bureau de l’international de l’UQAC. Et elle en sait quelque chose : à la rentrée 2023, l’université accueillait 2 100 étudiants internationaux sur les 6 500 qu’elle comptait, soit environ 32 % de son bassin étudiant et une cinquantaine de nationalités différentes.
Accompagner, un savoir-faire
À l’UQAC, la préparation commence dans le pays d’émigration de chacun. Depuis deux ans, Guylaine Boivin et son équipe participent à des missions à l’étranger pour aller à la rencontre des futurs étudiants et de leur milieu d’origine. « Notre objectif est de donner la meilleure information possible » pour les orienter ou les réorienter dans leur projet d’immigration, dit-elle, soutenant que « de le lire ou de se le faire dire, ce n’est pas pareil ».
Une fois au Saguenay, les étudiants internationaux bénéficient aussi de cet « accompagnement individualisé ». Car « un étudiant a beau être très bien préparé, le choc arrive sur place », affirme Dave McMullen, directeur des Services aux étudiants.
Autour de la rentrée, tous les services offerts par l’UQAC sont réunis en un seul et même endroit, destiné à faciliter le soutien aux nouveaux arrivants. Leur temps et leur esprit sont bien occupés par les questions administratives ou la recherche de logement, mais Dave McMullen les invite tout de même à participer à des activités sociales et à partir à la découverte du territoire.
L’université propose, en ce sens, un service de pair-aidance. Pour réseauter et apprendre à connaître le milieu de vie et d’apprentissage dans lequel ils seront amenés à évoluer, « il n’y a rien de mieux qu’un étudiant qui parle à un étudiant », croit-il.
Conseils d’experts
Développer un réseau de contacts et s’imprégner des références locales, d’après Dave McMullen, passe par « l’implication ». Il conseille fortement aux étudiants internationaux de participer aux activités socioculturelles organisées par l’UQAC, tout autant que de chercher des mains tendues à l’extérieur du campus. « Ça va grandement faciliter l’intégration », estime le directeur des Services aux étudiants.
Dans cette même optique, il recommande « de ne pas arriver le jour même, pas une semaine après, mais d’arriver minimalement une semaine avant pour se familiariser avec l’environnement ».
La « proactivité » est le maître-mot d’un projet réussi, insiste quant à elle Guylaine Boivin : « toute l’information est là, tous les services sont là. Soyez proactifs et venez nous voir ». « Il n’y a pas de mauvaise question, de mauvais besoin », renchérit son collègue, appelant du même souffle les étudiants internationaux à « ne pas rester seuls avec [leurs] problèmes ».
Le diplôme, et après ?
Comme pour les autres catégories d’immigrants, le travail peut aussi faciliter l’intégration.
En la matière, la vision de l’UQAC va par-delà l’emploi étudiant. « Plus ça avance, plus on essaye de les orienter sur ce qu’ils peuvent faire après leurs études pour entrer sur le marché du travail », relate Dave McMullen, en référence au volet « transition socioprofessionnelle des étudiantes et étudiants internationaux » du Pôle sur les transitions en enseignement supérieur.
L’initiative, qui réunit l’UQAC, le Collège d’Alma et les cégeps de Chicoutimi, Jonquière et Saint-Félicien, a notamment pour objectif de proposer une approche concertée dans le but de « favoriser l’établissement durable des étudiantes et étudiants internationaux » dans la région. Les diplômés peuvent y trouver des ressources utiles au passage du statut étudiant à celui de travailleur, soutenu par un tissu d’acteurs régionaux.
Entre la concertation au sein du milieu et l’accompagnement offert par l’établissement d’enseignement, les étudiants internationaux peuvent être encadrés pour réussir, sur le plan académique, social et professionnel.
Maintenant, conclut Guylaine Boivin, « c’est à eux de jouer ! »
Photo : André Ouellet