Les nouveaux arrivants qui frappent à la porte du SIMO, dont les locaux sont situés en plein cœur du quartier de Parc-Extension, à Montréal, ne viennent pas seulement trouver de l’aide dans leur recherche d’emploi.
« On veille à ce que les gens se stabilisent avant de commencer un emploi, afin de mettre toutes les chances de leur côté pour bien s’intégrer », soutient Gaëlle Bertrand, directrice générale et responsable de la protection des renseignements personnels.
L’organisme a développé une approche globale, basée sur les besoins de la population qu’il dessert. « Quand les gens arrivent, on fait ensemble une évaluation des besoins et on développe vraiment un plan d’action à partir de leurs objectifs personnels à court, moyen, long termes », sans rien imposer, explique-t-elle.
Une approche psychosociale qui a fait ses preuves
De l’élaboration d’un CV à la recherche d’emploi, en passant par la traduction et la reconnaissance des diplômes, le SIMO est là auprès de ses bénéficiaires. L’accompagnement se poursuit aussi après l’entrée en emploi, « parce qu’il y a des gens qui se sentent un peu fragiles quand c’est leur première expérience, voire leur deuxième, lorsqu’ils ont connu des difficultés durant la première », détaille Gaëlle Bertrand.
En septembre 2023, l’organisme s’est aussi lancé dans un projet-pilote visant l’intégration en l’emploi des demandeurs d’asile dans le secteur touristique, aux côtés du Conseil québécois des ressources humaines en tourisme (CQRHT) et du ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale (MESS). Si le projet comporte son lot de défis, Mme Bertrand continue d’y croire : très peu de services en employabilité sont disponibles pour les demandeurs d’asile, pourtant à même de participer à part entière à l’économie de la province.
À titre de membre du Réseau des services spécialisés de main-d’œuvre (RSSMO), l’organisme participe aussi au projet FIT. L’objectif est de financer l’entrée en entreprise de nouveaux arrivants sur une durée de 12 à 18 semaines, le temps de leur formation.
En constante adaptation
En quarante ans d’existence, le SIMO n’a pas uniquement dû apprendre à s’adapter aux besoins de sa clientèle. Le marché de l’emploi est, lui aussi, en constante évolution.
« La pandémie a été très difficile à traverser pour un organisme comme le nôtre. Il n’y avait plus de nouveaux arrivants, donc c’était difficile d’atteindre nos cibles », se souvient Gaëlle Bertrand. Après avoir envisagé de mettre la clé sous la porte, l’organisme s’est remis à la planche à dessin et a fait le pari de se réinventer.
Les services ont longtemps été uniquement disponibles en français, par exemple. Sa nouvelle équipe maîtrise aujourd’hui cinq langues, et est « vraiment à l’image des gens qu’on accompagne », assure Gaëlle Bertrand. « On a gardé l’ancienne expertise, mais on a amené un nouveau souffle », dit-elle.
L’équipe s’est aussi formée pour répondre aux besoins spécifiques des demandeurs d’asile et « intervenir le plus respectueusement possible, parce qu’il y a des enjeux plus complexes et on voulait vraiment faire ça bien ».
De nouveaux défis
Dernière adaptation en date : faire face à la diminution des emplois disponibles, observable depuis quelques mois à Montréal.
« Pendant quelque temps, c’était presque magique. On pensait qu’on allait devenir obsolète parce qu’ils n’avaient plus besoin de nous pour se placer », raconte Gaëlle Bertrand, forcée de reconnaître que le contexte a changé et qu’en ce moment, même les emplois alimentaires et saisonniers se font rares.
À cela s’ajoute la difficulté de trouver un logement et la pression financière causée par l’inflation. Résultat : « On est de plus en plus souvent obligés de donner des listes de dépannage alimentaire, d’essayer de leur trouver toutes sortes de ressources qui peuvent les aider financièrement » se désole-t-elle, rappelant que son organisme n’est pas mandaté pour offrir ce type de services, dispensés à temps perdu.
Mais le temps vient parfois à manquer. Et pour continuer de faciliter l’accès et le maintien en emploi des nouveaux arrivants, le SIMO espère renforcer ses partenariats avec d’autres organismes. « Travailler ensemble, je pense que c’est ça l’avenir », conclut Gaëlle Bertrand.