En réponse aux inquiétudes des acteurs de la francisation qui peinent à répondre à la demande, mais aussi des personnes qui espèrent recevoir un enseignement du français, le nouveau ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration, Jean-François Roberge, a pris une première mesure qui ne laisse personne indifférent.
Voilà plusieurs semaines que des voix s’élèvent pour alerter sur la fermeture de classes de francisation, faute de moyens, alors que la demande en francisation n’a jamais été aussi forte et que Francisation Québec peine à traiter les dossiers.
Après avoir fermé la porte à une hausse des moyens alloués à la francisation, le gouvernement a finalement trouvé une solution, sans qu’aucune augmentation des dépenses ne soit inscrite au budget : la suppression de l’allocation de francisation à temps partiel, et la réaffectation des sommes libérées à l’ouverture de nouvelles classes (à temps partiel).
Temps complet, temps partiel
« Le gouvernement du Québec vous offre de l’aide financière pour vous encourager à suivre des cours à temps complet », peut-on lire sur la page gouvernementale de présentation de l’aide financière aux personnes inscrites en cours de francisation.
Une telle allocation était aussi offerte aux personnes inscrites à temps partiel — par exemple les personnes immigrantes qui occupent un emploi ou qui ne sont pas en mesure de suivre des cours à temps plein.
Ces allocations, qui sont soumises à conditions, se décomposaient en réalité en plusieurs volets :
Un incitatif ou une compensation ?
Pour motiver sa décision, le ministre Roberge cite l’inutilité d’une mesure incitative pour se franciser, considérant que les classes sont pleines.
« On avait créé cette allocation parce qu’il y avait des classes qui étaient vides. […] Au départ, il y a 4-5 ans, il fallait un incitatif. Maintenant, nos cours sont pleins et il y a des listes d’attente. Donc l’enjeu maintenant c’est pas d’amener des gens à s’inscrire, c’est de réduire la file d’attente. Comment ? En augmentant les cours. Donc en allouant les mêmes sommes [que celles versées au titre des allocations à temps partiel], on va être capable l’an prochain de franciser […] plus avec les mêmes dollars », l’a-t-on entendu lors d’une entrevue donnée le 16 septembre 2024 sur les ondes de 98.5 FM.
Doit-on encore considérer que cette allocation est une mesure incitative, c’est-à-dire pour encourager les personnes immigrantes à se franciser ? Ou bien doit-on considérer qu’il s’agit d’une compensation financière pour des personnes nouvellement arrivées et des familles qui font le choix de consacrer du temps à étudier plutôt qu’à travailler ? La différence ici est bien plus que sémantique. Elle revient en tout cas à considérer cette allocation de façon bien différente selon qu’on est inscrit à temps partiel ou à temps plein.
Une mesure sous surveillance
Le ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration a voulu rassurer. S’il souhaite, on l’a compris, augmenter l’offre de francisation au Québec sans dépense supplémentaire, il ouvre la porte à des « réajustements » si les gens ne s’inscrivent pas.
L’avenir devrait en tout cas révéler assez vite les effets de la mesure sur les élèves en francisation à temps partiel — sur leur participation, pour commencer, mais aussi sur leur niveau de fatigue en classe, s’ils sont amenés à travailler davantage pour compenser le manque à gagner.
Pour plus d’informations sur les allocations pour enfant ou personne handicapée à charge en francisation à temps partiel, rendez-vous sur le site du MIFI.
Photo : Shutterstock