
Nous sommes en 2009 quand Cécilia Carmona quitte son Mexique natal pour La Sarre, chef-lieu de l’Abitibi-Ouest. Là, à 700 kilomètres de Montréal, « c’était rare de voir une personne immigrante », se remémore la chargée de projet en attractivité territoriale et en immigration à la MRCAO.
Elle apprend le français par ses propres moyens, arrive, pas à pas, à tailler sa place dans la société. « Aujourd’hui, il y a plein d’outils », se réjouit celle qui a témoigné de « toute la transition du territoire » : à partir de 2021, la région mise sur l’immigration pour surmonter la pénurie de main-d’œuvre et revitaliser des municipalités en perte de souffle.
« On a évolué de façon impressionnante en seulement quatre ans », assure Cécilia Carmona. Sur une population actuelle d’environ 20 500 personnes, elle estime à 300 le nombre de personnes issues de l’immigration. Pour elle, pas besoin de se compter en milliers pour être significatif.
Consulter, s’adapter
Derrière cette réussite, pas de secret, mais un Plan d’attractivité et de rétention de la main-d’œuvre, « structuré et ambitieux », développé dans le cadre du Programme d’appui aux collectivités du ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI).
Élaboré à l’issue d’une consultation auprès des acteurs économiques, du milieu scolaire, des organismes communautaires et des municipalités, le plan triennal a permis, jusqu’à présent, à la MRCAO de mener à bien plus de 70 initiatives.
Initiation au patinage sur glace, repas interculturels, formations sur les biais inconscients… En étant active sur plusieurs tableaux, la MRC mise sur la sensibilisation pour faciliter l’intégration des travailleurs immigrants et de leurs familles. « C’est comme des pièces de casse-tête qu’il faut intégrer pour avoir une harmonie », illustre Cécilia Carmona.
L’harmonie, la MRC la trouve aussi grâce à la « mobilisation et la concertation » des acteurs locaux. La réussite de ses activités repose d’ailleurs sur la flexibilité : lors de l’élaboration du Plan d’action, par exemple, l’équipe souhaitait voir les entreprises se doter d’une démarche en équité, diversité et inclusion (EDI). « Mais, dans le parcours du plan d’action, on s’est rendu compte que les entreprises n’étaient pas encore rendues là, qu’il fallait d’abord faire de la sensibilisation », détaille Cécilia Carmona.
Le Plan vient à échéance à la fin de l’année. S’il est renouvelé, l’équipe de la MRCAO espère pouvoir aller encore plus loin. « Le travail n’est pas fini », reconnaît Mérédith Coro, agente administrative. Le prochain défi ? Faire en sorte que les personnes issues de l’immigration « soient aussi au-devant des actions qu’on mène, qu’on puisse [les voir] porter des projets, créer des choses qui rassemblent sur le territoire », projette-t-elle.
S’employer à la rétention
C’est d’abord et avant tout l’emploi qui attire les personnes issues de l’immigration en Abitibi-Témiscamingue, dont l’économie est basée sur la transformation des ressources naturelles. À La Sarre, le recrutement international a commencé par une initiative citoyenne, La Grande séduction, qui a permis de sauver l’hôpital menacé de fermeture, faute de main-d’œuvre suffisante.
Pour les retenir, la MRCAO mise également sur l’emploi, « la base », selon Cécilia Carmona. Avec leur soutien, le Carrefour jeunesse-emploi a développé un guide de bonnes pratiques dans l’accueil et l’intégration des travailleurs internationaux, à destination des employeurs. « Le guide permet à l’employeur de comprendre le parcours par lequel il doit passer pour mettre son employé dans les conditions de travail adéquates, pour l’inciter à rester.
« Si on engage un processus [de recrutement international], c’est pour que la personne puisse rester et s’établir avec sa famille »
Mérédith Codo
Mérédith Codo elle-même est arrivée en Abitibi-Ouest en septembre 2023, à travers le Programme de regroupement familial. Un mois plus tard, elle est déjà en poste à la MRC.
Photo : Mimi Cummins
