À la rentrée d’automne 2019, on comptait plus de 50 000 étudiants étrangers dans les universités et les cégeps du Québec. Une relève intéressante pour les employeurs de toute la province, puisque près d’un tiers de ces étudiants venus d’ailleurs suivaient leurs cours en région. Mais le recrutement d’étudiants étrangers ne va pas toujours de soi, constate Mathieu Lefort, directeur principal, Talents internationaux à Montréal International. « Les entreprises ne savent pas toujours qu’ils peuvent travailler 20 heures par semaine durant les sessions scolaires, et à temps plein l’été et pendant les congés. Et, après l’obtention de leur diplôme, ils bénéficient d’un permis de travail ouvert qui peut aller jusqu’à trois ans. »
Nombreux sont les étudiants étrangers qui veulent rester au Québec après leur diplôme
Pourtant, les statistiques démontrent que la grande majorité des étudiants internationaux aimeraient rester au Québec après avoir terminé leurs études, ajoute-t-il. Mais pour cela, ils doivent s’intégrer au marché de l’emploi. C’est pourquoi plusieurs initiatives tentent de faire le pont entre ces futurs travailleurs et les employeurs qui ont besoin de cette main-d’œuvre, à la fois étrangère et formée au Québec. C’est le cas de Montréal International qui, depuis 2016, pilote le programme Je choisis Montréal, avec le soutien du gouvernement du Québec et en partenariat avec les trois niveaux d’enseignement.
Cette initiative a donc pour ambition non seulement d’attirer des étudiants en sol québécois, mais aussi de les conserver après l’obtention de leur diplôme. À cette fin, Montréal International organise différentes activités de recrutement sectoriel, en intelligence artificielle ou en aéronautique, par exemple, ainsi que des journées découvertes durant lesquelles les étudiants se rendent chez un employeur qui cherche à embaucher. « On tente de faire des jumelages pour répondre aux besoins des entreprises qui ont besoin d’employés juniors, c’est-à-dire ayant trois ans ou moins d’expérience. » En 2019, l’organisme a mis à l’horaire près d’une vingtaine d’événements de ce genre, qui permettent aux employeurs d’entrer en contact avec ce bassin de talents parfois méconnu ou ignoré.
Des efforts pour cibler les meilleurs talents
Dans tous les cas, l’équipe s’occupe de faire la promotion de l’événement sur ses réseaux et cible les candidats les plus intéressants pour les stages ou les emplois à temps plein ou partiel offerts.
« Les employeurs qui le désirent peuvent aussi bénéficier de la promotion gratuite de leurs offres d’emplois sur nos différents canaux, notamment à travers notre banque qui compte plus de 12 000 étudiants et diplômés », ajoute Mathieu Lefort. « De plus, nous pouvons les mettre en contact avec les établissements d’enseignement et les services carrière, au besoin. »
L’organisme tente également d’inciter des étudiants étrangers à s’inscrire dans les établissements d’enseignement collégial, technique ou universitaire de la métropole. Au menu, de la promotion numérique et des missions de recrutement d’étudiants à l’étranger, précise le directeur. « On essaie de maximiser l’impact et la force du groupe pour faire encore plus de bruit. Et nous pouvons mettre de l’avant les entreprises qui recrutent dans ces missions. » Une formule d’autant plus intéressante pour les formations professionnelles et techniques, de plus courte durée.
Des missions de recrutement international qui visent aussi les étudiants
Québec International vise aussi le recrutement d’étudiants étrangers, en organisant notamment des missions de co-recrutement à l’international. « Depuis 2019, nos missions de recrutement ne sont pas uniquement destinées aux travailleurs, mais s’adressent aussi aux étudiants. Les établissements d’enseignement y sont maintenant présents. Cela nous permet non seulement de favoriser l’attraction des étudiants, mais aussi leur rétention dans la région », souligne Marie-Josée Chouinard, directrice principale, Attraction de talents.
Ainsi, quand l’organisme se rend à l’étranger pour séduire de futurs travailleurs, il essaie aussi d’attirer des étudiants dans la région de la Capitale-Nationale et de la Chaudière-Appalaches. « On tente de jumeler entreprises et établissements d’enseignement, pour offrir un emploi aux étudiants pendant leur formation », indique-t-elle. Certaines entreprises vont du coup développer une stratégie de recrutement à court et à moyen terme, en tentant d’attirer employés et futurs diplômés.
Une formule qui fonctionne particulièrement bien en ce qui concerne la formation professionnelle et technique, alors que les besoins sont grands par rapport au nombre d’étudiants. « Dans les régions de la Capitale-Nationale et de la Chaudière-Appalaches, c’est névralgique parce qu’il y a des domaines d’études où il manque tellement d’étudiants que certains programmes ne peuvent être lancés faute d’inscriptions. »
En plus d’augmenter l’attraction d’étudiants dans la région, cette stratégie permet de les conserver à plus long terme. « On veut s’assurer que les étudiants ont un lien d’emploi pendant leurs études et restent dans notre région après leur diplôme », explique la directrice. Une façon également de valoriser l’attrait de ces régions auprès de la relève.