
« Vulgariser et centraliser l’information » : voici la raison d’être de Carnets de route, résume Emmanuelle Bolduc, chargée de projets au Centre d’expertise sur le bien-être et l’état de santé physique des réfugiés et des demandeurs d’asile (CERDA).
La plateforme web, gratuite et accessible à tous, s’adresse aux réfugiés et aux demandeurs d’asile, ainsi qu’aux personnes amenées à intervenir auprès d’eux ou à les côtoyer, que ce soit en tant qu’ami, voisin ou employeur.
Une version synthétisée du site est aussi disponible en format PDF, afin de « rejoindre les personnes qui sont moins à l’aise et moins familières avec les technologies, ou qui ont des enjeux d’accès et de littératie numérique », explique Emmanuelle Bolduc.
S’inscrire dans un écosystème
Lorsque débute le projet, en 2020, l’équipe du CERDA cherche une solution à un problème ressenti sur le terrain : l’information disponible pour les réfugiés et les demandeurs d’asile est alors dispersée entre différents sites internet. Les recherches sont fastidieuses, et peuvent être très chronophages — un enjeu pour les nouveaux arrivants, pour qui l’installation comporte déjà de nombreux défis.
En centralisant l’information, l’objectif est surtout « que [l’accès à l’information] ne soit pas pénalisé par l’expérience d’utilisation de l’outil », soutient Emmanuelle Bolduc. Pour ce faire, la plateforme Carnets de route a été pensée pour être simple à naviguer. Un « mode d’emploi » est aussi disponible en format vidéo, pour accompagner les utilisateurs moins familiers avec les outils numériques et faciliter leur appropriation.
Même s’il a été écrit et validé exclusivement en français et en anglais, le site peut également être traduit en plus de 200 langues, grâce à l’intelligence artificielle, en fonction des navigateurs utilisés. « Ce ne sont pas des traductions qui ont forcément été validées », précise la chargée de projet, qui se réjouit tout de même de voir le contenu du site mis à la disposition d’un public plus large.
Mieux comprendre, mieux s’installer
Après avoir répondu à quelques questions permettant de mieux définir leur statut, les utilisateurs de la plateforme sont redirigés vers les différentes thématiques auxquelles ils pourraient s’intéresser. « Pas besoin de parcourir tout le site web », détaille Emmanuelle Bolduc, « ils peuvent se diriger directement vers les thématiques qui les concernent », par exemple le logement, les finances, la santé ou encore la réunification familiale. »
À chacune de ces catégories sont associés les démarches à suivre en fonction de la situation de l’utilisateur, les formulaires à remplir ou encore les ressources auxquelles se référer pour obtenir du soutien.
Carnets de route « a vraiment été construit pour les réfugiés et les personnes en demande d’asile, mais aussi les personnes autour d’eux. Ça n’a pas besoin d’être un intervenant, ça peut aussi être un proche, un voisin, un professeur, un employeur », poursuit-elle.« Le fait d’avoir accès à l’information [leur] permet de reprendre du pouvoir sur les démarches. »
Emmanuelle Bolduc
Pour la suite
Depuis le lancement du projet, en mars 2024, Emmanuelle Bolduc reconnaît recevoir des retours « extrêmement positifs ».
« Maintenant que l’outil a été lancé, on va entamer une phase d’évaluation [pour comprendre si] l’outil répond aux besoins tels qu’ils avaient été établis », et déterminer « quelles seraient les possibles améliorations », expose-t-elle.
Les démarches administratives, les ressources disponibles, comme les conditions de vie et de travail au Québec peuvent toujours être sujettes à changements. Pour rester à jour, l’outil doit être surveillé de près.
L’utiliser à son plein potentiel implique donc aussi de le consulter fréquemment. Bonne nouvelle, puisque la plateforme est accessible et efficace. Son seul effet secondaire : simplifier la vie de ses utilisateurs, qu’ils soient réfugiés, demandeurs d’asile, intervenants communautaires ou employeurs.
Photo : Kateryna Hliznitsova