La croissance d’une entreprise est un objectif qui implique son lot de défis et de difficultés, en particulier dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre comme les connaît actuellement le Québec. Pour Cordé électrique, cette croissance est désormais indissociable de l’embauche de travailleurs issus de l’immigration ou recrutés à l’étranger.
À l’origine, ils ne sont que quatre employés à se cacher sous l’enseigne de Cordé électrique, entreprise spécialisée depuis 2010 dans la fabrication de harnais électrique. En l’espace de quelques années, l’usine de Maricourt, en Estrie, n’a plus la capacité d’accueillir la production et les ambitions d’une équipe qui dépasse aujourd’hui la centaine d’employés.
Attraction
C’est à partir de l’ouverture d’une seconde usine, en 2017, que la direction envisage le recrutement sous un nouveau jour, soutient Mylène Méthé, coordinatrice au capital humain chez Cordé électrique : « en ouvrant nos portes à Sherbrooke, on se donnait plus de chance [d’embaucher des travailleurs issus de l’immigration] qu’à Maricourt, qui est plus rural », explique-t-elle, précisant que l’entreprise a commencé par diffuser ses offres d’emplois sur des plateformes comme Un emploi en sol québécois ou encore Actions interculturelles.
Alors que Mme Méthé et l’équipe qui l’entoure sont en train de mettre sur pieds des procédures de recrutement à l’international, elle reconnaît qu’« en contexte de pénurie de main-d’œuvre, c’est une belle opportunité qui s’offre à nous, et nos expériences jusqu’à présent sont plutôt positives, alors on souhaite aller de l’avant ».
Fabriquer l’intégration
L’intégration de travailleurs nouvellement arrivés au pays ne se fait pas sans défis… mais à chaque défi, sa solution!
Mme Méthé se souvient d’une vague d’embauche, il y a quelques années : « on a décidé d’ouvrir avec des horaires flexibles et un corps de soir, pour permettre aux travailleurs étrangers de faire leurs cours de francisation et de travailler », dit-elle, précisant qu’ils ont dû former un chef d’équipe et un secouriste dans la foulée.
Autre enjeu, le défaut de permis de conduire chez de nombreux employés issus de l’immigration récente représentait un frein pour leur expansion au sein de l’entreprise. Certains des postes les mieux gradés – opérateur de machines, par exemple – requièrent des allers-retours entre les manufactures de Maricourt et de Sherbrooke. Afin de permettre à tous d’accéder à ces postes, avec ou sans permis de conduire, Cordé électrique a fait l’acquisition d’une camionnette.
Toutes les instructions de travail que doivent consulter les assembleurs, sur les planchers de production, ont également été complémentées d’illustrations. « Ça permet à ceux qui parlent moins bien français – parfois on a même des gens qui parlent très peu anglais – de pouvoir fonctionner avec des instructions de travail qui sont adaptées à leur situation linguistique », affirme celle qui tient les rênes des ressources humaines.
« Recruter mieux »
Interrogée sur les relations qu’entretiennent les membres de l’équipe issus de l’immigration avec leurs collègues, Mme Méthé se réjouit de la bonne entente, qui prend le pas sur les petites difficultés. « Il nous est arrivé d’avoir des problèmes, surtout d’interprétation culturelle », précise-t-elle, tout en rappelant que « ça s’est toujours résolu ! ».
Pour faire en sorte d’éviter le plus possible ce genre de situation, Cordé électrique fait appel aux services d’Actions interculturelles, un organisme basé en Estrie et qui a pour mission de « valoriser l’apport de la diversité culturelle et soutenir l’intégration socioprofessionnelle […] ». L’organisme a été mandaté pour faire « un diagnostic de nos pratiques et établir des recommandations pour améliorer nos pratiques et nos politiques en gestion de la diversité culturelle », explique Mylène Méthé. Ultimement, l’entreprise sera dirigée vers des formations ou vers des experts qui peuvent les accompagner dans l’apprentissage de meilleurs mécanismes d’intégration.
« On cherche toujours à s’améliorer au niveau de nos pratiques et à chercher du soutien pour pouvoir recruter plus, mais surtout recruter mieux […] et maintenir en emploi les gens qu’on embauche, les intégrer comme il le faut et pouvoir les développer dans l’entreprise », souhaite Mme Méthé.