Comme ailleurs au Québec, la région de Lanaudière fait face à une pénurie de main-d’œuvre, sur laquelle la pandémie n’a eu aucun effet. En 2018, l’organisme Lanaudière économique a été mandaté pour mettre en place un plan concerté afin de favoriser l’arrivée de travailleurs étrangers sur le marché de l’emploi. La région est désormais entre de bonnes mains, et parmi elles, celles de Doudou Sow.
D’origine sénégalaise, Doudou Sow en est à son quinzième hiver au Québec. Sociologue de formation, auteur de plusieurs livres et récipiendaires de nombreux prix, il œuvre aujourd’hui à titre de conseiller stratégique en régionalisation de l’immigration auprès de Lanaudière économique. Selon ses propres mots, « mon rôle, c’est de me demander comment je vais outiller ma région pour qu’elle soit compétitive à l’échelle du Québec ».
Un organisme « pivot »
Au sein de l’organisme de développement Lanaudière économique, M. Sow est chargé de favoriser l’attraction et la rétention des travailleurs immigrants de tous horizons, en partenariat avec le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI) et de nombreux organismes.
« Lanaudière économique agit en complémentarité avec l’ensemble des acteurs locaux et régionaux, en offrant des services relatifs au développement durable, à l’établissement de la relève agricole, à l’entrepreneuriat et, bien évidemment, à l’immigration », explique M. Sow.
Pour ce faire, son équipe et lui ont développé un ensemble de projets innovants, des activités de réseautage aux capsules vidéo informatives, en passant par un répertoire de services offerts par différents organismes de support aux travailleurs étrangers. Au cœur de sa mission : « favoriser la concertation avec tous les acteurs de l’écosystème régional ».
Les enjeux n’en sont pas moins nombreux : le profil des travailleurs ne correspond pas toujours aux emplois disponibles, et leurs diplômes ne sont pas non plus toujours reconnus. Même si « l’emploi est la pierre angulaire de l’immigration », d’après M. Sow, l’accessibilité du marché du travail n’est pas le seul facteur qui attire de nouveaux arrivants en région.
Défis et enjeux
Selon le conseiller stratégique, les entreprises comme les organismes doivent également miser sur la francisation, le transport, le logement ou encore les infrastructures. « Nous n’allons pas attirer de travailleurs immigrants à Lanaudière s’ils savent qu’il n’y a pas de places en garderie », poursuit-il à titre d’exemple.
Une approche holistique de l’immigration, qui conçoit les besoins du travailleur au-delà de l’emploi. « L’immigration en région est un projet de vie, un choix de vie et un modèle de vie pour le travailleur et les personnes qui l’accompagne », soutient M. Sow, ce qui explique notamment pourquoi Lanaudière économique sensibilise de plus en plus les employeurs sur l’importance de trouver un emploi aux conjoints qui accompagnent le travailleur principal.
Il rappelle également l’importance de créer un espace interculturel, de favoriser les échanges entre les localités et leurs nouveaux habitants. M. Sow raconte ainsi que, lorsque des travailleurs immigrants s’étonnent de l’absence de restaurants ou d’épiceries offrant des produits populaires dans leur pays d’origine, il les invite à ouvrir eux-mêmes un commerce répondant à ce manque. « C’est le meilleur moyen d’encourager l’entrepreneuriat des personnes immigrantes ! », s’exclame-t-il.
Et pour les employeurs ?
La région de Lanaudière, qui compte un demi-million d’habitants, affichait un taux de chômage de 4,9 % en avril 2021. Toutefois, dans certains secteurs, les besoins sont criants. Alors, comment encourager les employeurs à se tourner vers une main-d’œuvre immigrante, qu’on parle de travailleurs qualifiés, de travailleurs temporaires ou encore de PVTistes ?
En leur en présentant simplement les avantages, croit Doudou Sow. « Il faut sensibiliser les employeurs, leur faire comprendre que l’emploi de personnes immigrantes permet à l’entreprise de croître, et à l’employé québécois de concilier plus facilement le travail et la famille en évitant le temps supplémentaire », dit-il. Surtout, rappeler aux employeurs et à leurs équipes qu’ils ne sont pas seuls dans cette démarche, le MIFI et ses organismes partenaires étant également déployés en région.
Lorsqu’il donne des formations en milieu de travail, M. Sow insiste aussi sur le fait qu’à ses yeux, « le Québec contemporain est celui de la diversité ».