L’Union des producteurs agricoles (UPA) et le Centre des travailleurs et travailleuses immigrants (CTI) sont les deux premiers organismes à bénéficier de la nouvelle mesure de soutien aux travailleurs étrangers temporaires touchés par la COVID-19, lancée en février dernier. Voici leurs projets.
Guider les travailleurs dans le dédale de mesures
Les travailleurs étrangers temporaires sont couverts par différentes mesures en lien avec la COVID-19. Mais entre les programmes du gouvernement fédéral, les mesures au provincial et les assurances privées, il peut être difficile de retrouver son chemin — surtout pour une personne qui n’est pas familière avec le système québécois.
C’est pourquoi l’Union des producteurs agricoles (UPA) a décidé de mettre sur pied un « arbre de décisions » qui permettra aux travailleurs agricoles étrangers — et à leurs employeurs — de s’orienter plus facilement dans leurs démarches, et à mieux comprendre les différentes mesures qui s’appliquent en lien avec la COVID-19. « L’objectif du projet est avant tout de rassurer les travailleurs pour qu’ils sachent qu’il y a des mécanismes de protection qui existent s’ils doivent se faire tester », explique Denis Roy, trésorier et directeur de la Direction finances et main-d’œuvre agricole. Une façon d’éviter que certains se rendent dans les champs même s’ils éprouvent des symptômes, par crainte de perdre leur salaire.
L’équipe commencera donc par répertorier toutes les mesures de soutien au salaire qui existent, ainsi que les exigences et les conditions pour y avoir accès, précise-t-il. « Par exemple, dans certains cas, il faut avoir travaillé au Canada l’an dernier pour toucher une prestation, alors que dans d’autres cas, des ententes avec des assureurs privés sont conclues. » Cette cartographie permettra également de vérifier qu’il n’y a pas de cas de figure où les travailleurs se retrouvent sans protection, affirme Denis Roy. « Si c’est le cas, nous allons faire des représentations auprès des instances gouvernementales pour nous assurer que les travailleurs ne seront pas laissés à eux-mêmes. »
Cet outil, qui devrait être disponible dès la mi-avril, sera traduit en espagnol, afin de rejoindre plus facilement les 16 000 travailleurs étrangers temporaires qui viennent rejoindre les rangs de quelque 2 000 entreprises agricoles à travers la province. De ce nombre, autour de 90 % à 95 % sont hispanophones, affirme Denis Roy. En plus d’être disponible sur le site web de l’UPA, cet « arbre de décision » sera aussi intégré à la plateforme AGRI-connexion d’AGRIcarrières.
Connaître et faire valoir ses droits
Que se passe-t-il si une aide-domestique attrape la COVID-19 et que son employeur ne veut plus qu’elle habite sous son toit ? Quels sont les recours des travailleurs sur une ferme qui doivent s’isoler ? La pandémie a accentué plusieurs problématiques vécues par les travailleurs étrangers temporaires, constate Manuel Salamanca Cardona, membre du conseil d’administration du Centre des travailleurs et travailleuses immigrants (CTI). « Les demandes sont plus nombreuses, plus urgentes et parfois plus complexes. »
C’est d’ailleurs pour répondre à ces besoins accrus que l’organisme a mis en place de nouveaux services, complémentaires à sa mission, en plus d’augmenter ceux qui étaient déjà en place. Déjà, l’appui financier d’Immigrant Québec permettra au CTI d’embaucher une nouvelle ressource qui s’ajoutera à l’équipe chargée de l’accompagnement des travailleurs. Des services qui vont du soutien aux personnes pour comprendre leurs recours ou les démarches à effectuer, jusqu’à un suivi plus personnalisé.
Le CTI compte également multiplier les rencontres dans les communautés, pour jeter les ponts notamment avec des travailleurs agricoles dans les différentes régions du Québec. « Nous nous rendons dans certains endroits qu’ils fréquentent durant leurs jours de congés, comme l’épicerie, explique Manuel Salamanca Cardona. Cela nous permet d’établir un premier contact. Ils savent ensuite qu’ils peuvent se tourner vers nous en cas de besoin. »
De même, l’organisme prépare une série de guides informatifs pour aider les travailleurs à mieux connaître leurs droits, comme des dépliants ou des vidéos. S’ajoutent à cela différents groupes de discussion virtuels mis sur place pendant la pandémie. « Cela permet non seulement de leur transmettre de l’information, mais aussi de leur donner l’occasion de partager leurs réalités », note Manuel Salamanca Cardona. Un pouls sur le terrain qui alimente aussi l’organisme dans ses représentations auprès des instances gouvernementales pour améliorer le sort des travailleurs immigrants.
Rappelons que la nouvelle mesure de soutien aux travailleurs étrangers temporaires touchés par la COVID-19 a été lancée en février dernier et permet aux organismes à but non lucratif (OBNL) d’obtenir du soutien financier pour mettre en place des projets permettant de soutenir, informer et accompagner ces employés. Pour le moment, 17 initiatives ont reçu l’aval d’Immigrant Québec, responsable de l’appel de projets. D’autres pourraient aussi être acceptés, puisqu’il reste encore des fonds dans l’enveloppe de 1 M$ CAN octroyée par Emploi et Développement social Canada (EDSC). Les organismes qui le désirent peuvent encore soumettre leur candidature. Les projets doivent toutefois être terminés le 30 juin 2021.
Pour en savoir plus : infotetquebec.com/mandat-edsc