Les ressources que les organismes communautaires mettent à disposition sont souvent méconnues des travailleurs étrangers temporaires, mais aussi de leurs employeurs. Ces derniers doivent faire le pont entre leurs employés et le tissu associatif susceptible de les soutenir dès le début du processus de recrutement.
« Beaucoup de choses peuvent se faire en amont », rappelle Émilie Bouchard, coordonnatrice du Réseau national des organismes spécialisés dans l’intégration en emploi des nouveaux immigrants (ROSINI) de la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes (TCRI).
Les employeurs doivent, selon elle, adopter le réflexe de se poser quelques questions. « Quels sont les organismes communautaires disponibles dans ma région pour accompagner les personnes immigrantes ? Existe-t-il d’autres types de ressources qui peuvent les aider dans leur installation ? ». Utiliser sa connaissance de l’écosystème local au service des besoins des travailleurs peut prendre plusieurs formes. Par exemple, indiquer à ses nouvelles recrues où se trouvent les friperies ou quels sites de vente de seconde main utilisés dans la région, pour réduire les coûts liés à leur installation.
Petit effort aux grands bénéfices : « Repérer les lieux communautaires où il est possible de faire des activités sportives, culturelles, ou tout autre loisir », ajoute Émilie Bouchard.
Répertoires
Démarches administratives, recherche d’appartement, intégration sociale ou linguistique… Chaque région du Québec propose des ressources pour accompagner les travailleurs étrangers temporaires dès leur premier pas au pays. Les employeurs seraient avisés de tenir des répertoires réunissant les ressources auxquelles ils pourraient avoir besoin de référer leurs futurs employés.
De manière à repérer les ressources disponibles à proximité, les employeurs peuvent commencer par consulter les sites internet du ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI) et de la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes (TCRI).
Services Québec est également une bonne porte d’entrée pour faciliter la recherche d’emploi des conjointes et conjoints des travailleurs à hauts salaires, auxquels le statut permet d’être accompagnés par leurs familles.
L’important, rappelle Émilie Bouchard, est de « varier les ressources » et de « faire des suivis réguliers avec les travailleurs », pour rester à jour quant à leurs besoins.
« L’employeur peut préparer son milieu de travail, mais il doit préparer aussi le côté social et humain de l’arrivée du travailleur »
Émilie Bouchard
Identifier les vulnérabilités, sans en abuser
En passant par des agences de recrutement, les employeurs ne sont certes pas toujours en contact avec leurs futurs employés avant leur arrivée. Ils peuvent néanmoins anticiper un minimum leurs besoins, toujours en faisant appel à l’expertise des organismes communautaires actifs dans leur région.
Émilie Bouchard met toutefois en garde contre le surinvestissement dans la vie privée d’un employé, qui « renforcerait la dynamique de pouvoir entre employeur et employé, et peut avoir pour effet de restreindre la parole de l’employé si quelque chose se passe mal, parce qu’il sent qu’il se doit d’être reconnaissant envers l’employeur », explique-t-elle.
Les TET à bas salaires, particulièrement les travailleurs agricoles saisonniers, sont vulnérables à ce type de dynamique, précise la coordinatrice du ROSINI. Protégés par les normes du travail et par leur contrat avec l’entreprise, ils ne connaissent pas toujours leurs droits ni n’ont accès à du soutien juridique.
Contraints de respecter leurs engagements légaux, les employeurs ont aussi une autre responsabilité dans l’intégration de leurs employés nouvellement arrivés : faciliter l’accès à l’information.
Photo : Johannes Roth