Le projet Le français, on y voit au détail ! vise à accompagner et mieux outiller les commerces de détail vers la francisation, dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre et de changements législatifs.
Le Conseil québécois du commerce de détail (CQCD), en collaboration avec l’Office québécois de la langue française (OQLF), annonçait, le 8 février 2023, le lancement d’un programme d’accompagnement gratuit et personnalisé, qui vise les entreprises de 25 à 49 employés.
Son objectif est d’aider les détaillants à s’adapter aux nouvelles exigences prévues par la Charte de la langue française, modifiée par la Loi sur la langue officielle et commune du Québec, le français, sanctionnée le 1er juin 2022.
Adaptation
« On ne veut pas être la police du français », annonce d’emblée Damien Silès, directeur général du CQCD. Depuis 45 ans, l’organisme agit à titre de représentant pour les commerces de détails, qui sont aujourd’hui environ 20 000 au Québec, et génère près d’un demi-million d’emplois.
Avec son programme Le français, on y voit au détail !, le CQCD souhaite « adoucir, aider dans la compréhension des actions que les détaillants doivent entreprendre » en regard aux récents changements dans la loi, dont certains amendements n’entreront pas en vigueur avant juin 2025.
« Ça s’en vient vite », prévient M. Silès, qui admet que si « la francisation touche absolument tous les secteurs » de la province, certains enjeux sont spécifiques au commerce de détail : l’étiquetage des produits, l’affichage, les échanges avec les fournisseurs ou encore avec les clients.
Surtout, le secteur est fortement touché par la pénurie de main-d’œuvre, qui le laisse avec un manque à combler de 29 000 postes. « C’est énorme », commente Damien Silès.
Nouveaux arrivants
Nombreux sont les détaillants qui doivent donc faire appel à une main-d’œuvre issue de l’immigration, pas nécessairement francophone.
Dans son Guide de francisation dans les commerces, Références et bonnes pratiques, le CQCD rappelle que « le soutien des employeurs est primordial [dans le processus de francisation de ces employés] », ce qui n’est pas une mince affaire pour les petites entreprises, qui ne disposent pas toujours d’un service de ressources humaines ou des fonds nécessaires pour mener cet accompagnement à bien.
À compter du 1er juin 2023, Francisation Québec sera l’unique point d’accès gouvernemental pour les services d’apprentissage du français administrés gratuitement, et l’inscription à l’OQLF pour les entreprises employant de 25 à 49 personnes sera exigée à compter du 1er juin 2025.
Voilà notamment pourquoi le nouveau programme, qui s’échelonne jusqu’à septembre 2024 et qui invite le plus grand nombre de membres admissibles du CQCD à participer, a été mis sur pieds.
Un programme multiforme et multiplateforme
Le CQCD souhaite tout d’abord produire de nouvelles capsules d’information sur les meilleures pratiques de francisation en milieu de travail, pour venir rejoindre le contenu déjà mis en ligne l’an dernier. Une table d’information sur les bonnes pratiques linguistiques sera aussi mise à disposition des membres lors de l’événement TAG, comme ce fut déjà le cas en octobre 2022.
Une banque d’outils en francisation a également été mise à jour sur leur site internet, et de nouvelles publications devraient suivre au cours des prochains mois. La réalisation d’une campagne publicitaire sur la mise en avant du français pour les détaillants et leurs clients est également prévue.
Ils feront aussi la promotion des services Mémo, mon assistant pour la francisation auprès de leurs membres, « familiariser avec les obligations qui sont prévus par la charte, et surtout les préparer dans la démarche de francisation avec l’aide de spécialistes, car on ne veut pas qu’ils le fassent tout seuls », poursuit M Silès. Les PME intéressées sont invitées à remplir une autoévaluation en ligne, puis à la transmettre à l’OQLF afin de lui permettre d’adapter au mieux ses services.
« Il faut voir [le programme] comme un apport pédagogique par rapport à une loi qui a été mise en place, et un soutien par rapport à nos membres », affirme Damien Silès, conscient que l’accompagnement sera d’une grande utilité pour que les détaillants s’adaptent aux nouvelles lois du marché.
Car « le français est là pour rester, et la francisation aussi », dit-il.
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