
Depuis le 8 novembre 2024, un nouveau salaire horaire médian a été établi pour fixer la limite entre une demande d’Évaluation de l’impact sur le marché du travail (EIMT) à bas ou à haut salaire. Une augmentation allant jusqu’à 20 % dans certaines provinces. Au Québec, la barre est passée de 27,47 $ CAN à 32,96 $ CAN. Tous les salaires moindres sont désormais considérés comme « bas ».
Pour un emploi à temps plein, cela représente plus de 63 000 $ CAN de salaire annuel, calcule approximativement Dylan Alary. Il estime que « beaucoup de travailleurs se retrouvent en dessous de ça », incluant ceux qui étaient jusqu’alors considérés comme occupant des emplois à « hauts salaires ».
Une mesure qui soulève des enjeux de planification considérable pour les employeurs, que Dylan Alary invite d’emblée à « ne plus attendre trois semaines avant l’expiration du permis de travail pour entamer les démarches de renouvellement ».
Décryptage
Pour comprendre comment la hausse du salaire médian affecte le recrutement, il faut aussi prendre en considération les mesures adoptées à la fin septembre 2024.
« Aujourd’hui, si tu es sous le salaire médian et que tu es dans une région métropolitaine où le taux de chômage est à 6 % ou supérieur, tu ne peux plus faire une demande d’EIMT bas salaire », explique l’avocat. Dans toute la Région métropolitaine de recensement de Montréal, par exemple, une EIMT à bas salaire ne peut, pour l’instant, être traitée — et ce, même dans les secteurs d’activité considérés en pénurie de main-d’œuvre.
« Les employeurs peuvent aller jusqu’au bout des permis de travail valide, mais ne pourront peut-être pas tous les renouveler ».
Me Dylan Alary
Des pistes de solution ?
La première option pour les employeurs qui souhaitent maintenir en emploi leurs travailleurs concernés serait, selon Dylan Alary, de faire grimper leur salaire horaire à 32,96 $ CAN. Une option loin d’être envisageable dans tous les secteurs d’activité, reconnaît-il.
Autre avenue : « diminuer leur nombre d’heures. En diminuant le nombre d’heures de leur employé pour le même salaire annuel, mathématiquement, le taux horaire augmente », et les entreprises peuvent espérer faire avancer leur travailleur dans la partie supérieure du salaire médian. L’avocat met par ailleurs en garde contre les enjeux d’équité salariale, car « si, sur dix employés, le travailleur étranger travaille 30 heures pour le même salaire que ceux qui travaillent 40 heures, là ce n’est même plus une question d’immigration, c’est une question de droit du travail », alerte-t-il.
Les entreprises qui ont plusieurs établissements dans la province peuvent, elles, explorer la possibilité de « déplacer les employés vers des régions où les conditions sont meilleures, notamment à l’extérieur du grand Montréal », conseille-t-il. « Mais, puisque maintenant, les permis de travail sont de seulement un an pour les travailleurs étrangers à bas salaire, ils se retrouvent à faire toutes les démarches de déménagement, sans savoir s’ils vont pouvoir renouveler par la suite. Vu que le taux de chômage évolue, si ça se trouve dans un an, ils devront dire à la personne de repartir. »
En cas d’éligibilité, prioriser les programmes dispensés d’EIMT peut améliorer les chances de prolonger le séjour d’un employé, d’après Me Alary.
Photo : Hans Isaacson