
Le déferlement de nouvelles mesures en matière d’immigration annoncées au cours de cette dernière année a parfois semé la confusion parmi les entreprises du Québec. Alliés de la première heure pour déjouer la pénurie de main-d’œuvre, notamment en région, le recrutement international et le maintien en emploi des travailleurs étrangers temporaires (TET) sont désormais des enjeux qui ne relèvent plus seulement du fait économique ou de la seule « attractivité », alors que se multiplient les restrictions, qui touchent les personnes immigrantes comme les employeurs.
Pour Jessica Côté, responsable aux communications chez NexDev, et ses collègues, difficile de rester les bras croisés.
L’organisme de développement économique du Haut-Richelieu, en Montérégie, « s’est positionné comme leader dans le partage de l’information et dans la coordination à l’échelle régionale », pour outiller les entreprises et les aider à faire face aux défis qui se posent à elles.
« Il n’y a pas eu de temps pour que les entreprises puissent se préparer »
Jessica Côté, NexDev
Sur le terrain : des mesures qui font mal
La diminution de 20 à 10 % de la limite du nombre de TET à bas salaire compte « parmi les mesures qui nous ont fait le plus mal, avec un effet immédiat », reconnaît Bruno Magnan, coordinateur concertation régionale et projets.
Même s’il estime ses conséquences « plus difficiles à évaluer », il dénonce aussi l’assimilation de Saint-Jean-sur-Richelieu à la Région métropolitaine de Montréal (RMR). De fait, son appartenance à la RMR soumet la ville à la suspension du traitement des demandes d’évaluation de l’impact sur le marché du travail (EIMT) pour les postes à pas salaire dans les zones de recensement où le taux de chômage est de 6 % minimum. Or, au moment de l’annonce de la mesure, fin septembre 2024, le taux de chômage de Saint-Jean-sur-Richelieu était de 4,7 % — « et les statistiques continuent à nous donner raison [de s’y opposer] depuis », affirme Bruno Magnan.
Il dénonce par ailleurs « une compétitivité injuste » entre entreprises voisines de la région ayant pignon sur rue d’un côté ou de l’autre de la frontière de la RMR, qui n’inclut pas tout le territoire du Haut-Richelieu.
Au vu du contexte actuel, il craint de voir les entreprises de la région contraintes de ralentir leurs activités, faute de main-d’œuvre – voire, dans les secteurs d’activités qui requièrent des travailleurs spécialisés ou semi-spécialisés, obligées de mettre la clé sous la porte.
Réagir, ensemble
La première étape pour NexDev a été de s’informer, de chercher à comprendre le contenu des mesures et leurs implications pour mieux éclairer les entreprises de la région. Un « sondage maison » a parallèlement été lancé afin d’avoir « une meilleure idée de ce qu’il se passe sur notre territoire », souligne Jessica Côté.
Pour apporter des réponses aux entreprises qui souhaitent poursuivre le recrutement et maintenir en emploi leurs salariés, l’organisme a fait appel à une firme spécialisée en droit de l’immigration et du travail. Sous la forme d’un webinaire, les acteurs de la région ont pu échanger leurs questionnements avec les experts, qui les ont éclairés sur la marche à suivre.
Autre exemple de collaboration régionale : le service d’aide à l’emploi de la Montérégie Est, L’ANCRE, a approché NexDev en proposant de faire le lien entre leurs partenaires montréalais d’aide aux nouveaux arrivants et les entreprises locales. En facilitant des maillages, l’objectif serait de miser sur la régionalisation pour remplacer les travailleurs perdus ces derniers mois, ou dont les permis de travail ne seront pas renouvelés à l’avenir.
NexDev a fédéré plusieurs acteurs du secteur économique du Haut-Richelieu autour d’une seule et même coalition, à même de « parler à l’unisson » sur le front politique et médiatique, poursuit son collègue. « Nous sommes chanceux que l’ensemble des acteurs sur le territoire se soient mobilisés avec une voix unique et une stratégie rapide », renchérit Bruno Magnan, qui espère voir certaines de leurs demandes être entendues.
Photo : Wikimedia Commons