S’il peut être intéressant de se tourner vers des travailleurs qui ont l’intention de s’installer au Québec dans la durée, voire de manière définitive, les missions à l’étranger permettent aux entreprises de recruter des travailleurs directement à la source, en dehors des frontières québécoises. Une alternative de choix pour les entreprises qui n’arrivent pas à pourvoir leurs postes autrement.
D’abord, les missions de recrutement sont des événements au cours desquels les entreprises rencontrent des candidats locaux présélectionnés pour les offres d’emploi qu’elles affichent au préalable. Les organisateurs s’occupent non seulement d’aider les organisations à cibler leurs besoins, mais assurent également la promotion des offres d’emplois sur le territoire visé, la réception des candidatures intéressées par celles-ci et une présélection de ces candidats en fonction des profils recherchés. Les recruteurs reçoivent ensuite une liste de candidats potentiels et sélectionnent les plus pertinents, avant de les rencontrer pour une entrevue d’embauche, sur rendez-vous, pendant ces journées de recrutement.
En général, seuls les candidats sélectionnés par les entreprises sont convoqués à l’événement. Les recruteurs effectuent alors une entrevue avec les candidats sur place ou par visioconférence (lorsque l’événement se tient en format virtuel), et évaluent leurs compétences grâce à différents tests techniques. Les organisateurs s’occupent quant à eux du volet logistique — convocation des candidats, tenue des tests techniques et pour les missions en format présentiel, achat des billets d’avion, location de chambres d’hôtel, organisation des salons de l’emploi sur place, etc.
Il est difficile d’établir un prix précis pour s’inscrire à ces missions, puisque cela varie en fonction de nombreux facteurs (destination, durée, hébergement, événements sur place, nombre de participants de la même entreprise, etc.), mais il faut compter au minimum quelques milliers de dollars pour y participer. Toutefois, des subventions peuvent être accessibles aux entreprises qui s’y qualifient. Le MTESS offre notamment une aide financière aux entreprises qui participent à des activités de recrutement à l’international. Celles-ci, selon certains critères d’éligibilité, peuvent bénéficier du remboursement d’une partie des frais admissibles qu’elles engagent pour participer à des missions de recrutement international, soit une partie des frais qui leur sont facturés par les tiers qui organisent ces missions.
Les Journées Québec
Depuis leur création en 2008, les Journées Québec ont pris une ampleur considérable pour devenir une sorte de voie royale du recrutement à l’international, pour les entreprises québécoises. Organisées d’abord à Paris, les Journées Québec couvrent maintenant de nombreux territoires, tels que le Maroc, la Tunisie, le Brésil, le Mexique, la Colombie, l’Île Maurice, le Sénégal, les États-Unis et plusieurs pays d’Europe. Plusieurs autres territoires seront à explorer dans la prochaine programmation des Journées Québec.
Ces journées, organisées par le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI) ainsi que ses partenaires, soit Montréal International, Québec International et la Société de développement économique de Drummondville (SDED), et avec l’appui de son réseau à l’étranger sont des formules clés en main qui permettent aux entreprises d’ici de rencontrer des candidats présélectionnés à l’international en fonction des profils recherchés. De plus, le soutien financier accordé par le MIFI à ses partenaires permet de réaliser ces missions de recrutement Journées Québec à moindre coût pour les entreprises. Ce service inclut :
- un accompagnement personnalisé avant, pendant et après la mission ;
- le service-conseil aux entreprises et l’analyse des offres d’emploi afin qu’elles soient adaptées pour cibler les meilleurs candidats sur le territoire ;
- la traduction d’offres d’emploi, le cas échéant ;
- l’utilisation de la plateforme numérique de recrutement Journées Québec ;
- la promotion des offres d’emploi auprès des personnes candidates qui ont le profil recherché ;
- la présélection des personnes candidates par le partenaire local d’emploi à l’étranger ;
- l’organisation logistique complète de la mission, lors de missions en format présentiel ou virtuel ;
- la coordination de tests techniques pour les candidats dans le cas où l’offre d’emploi le requière.
Afin de réaliser ces missions, le MIFI a développé une nouvelle plateforme numérique de recrutement international permettant de répondre à la demande croissante et à la multiplication des activités de recrutement du MIFI. Cette plateforme Journées Québec, accessible également depuis les appareils mobiles, est l’outil central qui permet aux entreprises de déposer leurs offres d’emploi — et aux candidats étrangers de postuler à ces offres, selon leur champ d’expertise. L’analyse des offres d’emploi, la présélection et la convocation des personnes candidates se font également sur cette plateforme. Cet outil informatique permet donc de répondre de façon plus conviviale aux besoins des différents utilisateurs participant de près ou de loin à une mission Journées Québec.
Avec les bouleversements reliés à la pandémie de COVID-19, le Ministère a su rapidement adapter son offre de services afin de permettre la tenue de missions Journées Québec en format virtuel.
Les entreprises peuvent contacter un conseiller en recrutement international du MIFI et ainsi obtenir un accompagnement personnalisé.
Montréal international
Recrutement de personnel en technologies de l’information au Brésil, de professionnels de l’aérospatial à Toulouse ou encore embauche de travailleurs de profils diversifiés à Paris : en 2019, Montréal International a organisé 21 missions de recrutement à travers le monde, que ce soit en personne ou à distance. Une opération qui aura permis d’attirer 1 122 travailleurs qualifiés et expérimentés par les entreprises de la grande région de Montréal. Selon les besoins évoqués des entreprises, Montréal International orchestre des campagnes publicitaires très ciblées dans les pays où se dérouleront les missions. Par exemple, s’il est identifié que toutes les entreprises ont besoin de programmeurs JAVA et d’animateurs 3D, c’est ce type de profils qui seront visés, notamment par l’achat de mots-clés. L’équipe va même jusqu’à faire des approches personnalisées auprès de travailleurs aux profils recherchés, sur LinkedIn par exemple, pour les inviter à soumettre leur candidature.
L’agence de développement économique s’occupe donc de sélectionner les meilleurs pays, en fonction de la demande et grâce à des outils d’intelligence artificielle, d’identifier les candidatures les plus prometteuses. Les entreprises vont ensuite recevoir les CV, les analyser et sélectionner les candidats qu’elles désirent rencontrer lors des missions ou avec qui elles veulent s’entretenir virtuellement.
Depuis peu, l’agence de développement économique offre également un service d’affichage de postes via sa plateforme internet. Enfin, elle propose aussi de l’accompagnement aux entreprises dans leurs démarches d’immigration, ainsi que de la formation sur différents sujets. Montréal International peut aussi compter sur l’expertise d’avocats et de consultants en immigration à l’interne pour aider les entreprises qui le souhaitent. En 2019, Montréal International a appuyé quelque 800 travailleurs internationaux, pour l’obtention de leur permis de travail temporaire ou de leur résidence permanente.
Québec international
Québec International a déployé une quinzaine de missions à travers le monde en 2019, recueillant des milliers de candidatures. « Le fait de réunir 10, 20 ou 40 organisations permet de créer l’événement et beaucoup de rayonnement médiatique, grâce à nos efforts en relation publique. On élabore aussi des campagnes de publicité spécifiques sur les réseaux sociaux, ce qui permet d’attirer énormément l’attention », souligne Marie-Josée Chouinard, directrice principale, attraction de talents, qui nous a également accordé une entrevue au sujet des missions virtuelles de recrutement à l’international, que la structure avait initiées bien avant la pandémie. Des activités qui auront permis de recruter 1 675 travailleurs internationaux pour un total de 4 200 nouveaux arrivants, incluant conjoints et enfants, dans la région de la Capitale-Nationale et de la Chaudière-Appalaches.
En plus d’organiser ces événements à l’étranger, que ce soit en personne ou de façon virtuelle, l’organisme offre aussi un service du coaching et de la formation aux entreprises avant, pendant et après l’embauche. « Cela touche par exemple les procédures d’immigration. On aide aussi les organisations quant à l’affichage de postes, pour que les offres d’emploi soient compréhensibles par les candidats et adaptées au processus de recrutement à l’international. On offre aussi des formations pour aider les entreprises à comprendre les us et coutumes de l’endroit où elles se déplaceront et à bien se préparer pour les entrevues », explique Marie-Josée Chouinard. Québec International propose aussi un prédiagnostic de recrutement aux entreprises ayant du mal à trouver la main-d’œuvre. Il est également possible de consulter un avocat ou un consultant en immigration.
Du coaching personnalisé
Les agences de développement économique, comme Québec International, offrent souvent de la formation et du coaching personnalisés aux employeurs qui recrutent à l’international, dans des champs variés, comme la gestion des différences culturelles ou les formalités administratives. « Nous avons également développé des partenariats avec différents spécialistes à l’étranger qui peuvent conseiller les entreprises dans leurs efforts de recrutement. Par exemple, ils peuvent faire appel à ces ressources pour savoir quelles sont les normes du travail dans ce pays, ou encore si leur description de poste est adaptée à la réalité de cet endroit », explique Marie-Josée Chouinard. L’organisme offre même un programme de formation pour ceux qui veulent s’outiller pour la mobilité internationale, intitulé « Recruteurs de talents ». |
La Société de développement économique de Drummondville (SDED)
Quand vient le temps de recruter à l’étranger, la Société de développement économique de Drummondville (SDED) s’associe avec des acteurs situés ailleurs au Québec. « Il faut s’unir pour le recrutement international puisque nous n’avons pas assez de volume pour porter seuls ce genre d’événements et être aussi percutant que Montréal ou Québec. Ainsi, nous avons une équipe multisectorielle solide et on travaille avec d’autres villes qui n’ont pas nécessairement ces ressources », indique Julie Biron, directrice Attraction et développement de la main-d’œuvre. L’organisme peut très bien s’envoler avec des organismes, et des entreprises de Rouyn-Noranda, du Saguenay ou encore d’Estrie. À l’étranger, il faut donc non seulement savoir vendre son entreprise et le Québec, mais aussi sa région.
Si la SDED pilote les missions internationales, l’organisme accompagne aussi les entreprises dans leur processus de recrutement, avec des services modulables selon les besoins. « La première chose, c’est de bien identifier le besoin de l’entreprise et de déterminer avec elle la meilleure stratégie, par exemple, dans quel pays recruter. Je rencontre toujours les entreprises dès le départ pour qu’elles comprennent la mécanique et aient une idée de ce dans quoi elles s’embarquent en termes de délais, de coûts, etc. »
La SDED propose aussi de la formation pour bien préparer les organisations avant leur mission de recrutement. « L’entreprise qui s’inscrit à nos missions affiche ses postes et nous faisons pour elle une présélection des CV. On s’occupe aussi de toute la promotion dans le pays en question et de la coordination des différents tests à passer sur place avec les écoles de formation professionnelle, par exemple. » L’entreprise quant à elle, recevra un lot de CV et sélectionnera les candidats qu’elle désire rencontrer à l’étranger. L’organisme coordonne ensuite les convocations et organise l’événement. « Nous avons également des contacts à l’étranger pour effectuer des publicités ciblées de nos salons. Nous sommes capables de nous tourner vers les établissements d’enseignement professionnel pour aller chercher les bonnes candidatures. »
La SDED offre aussi de l’accompagnement pour l’obtention des permis du travailleur principal et du conjoint, ainsi que du permis d’étude pour les enfants. Une partie de l’équipe est même dédiée à l’arrivée de ces nouveaux arrivants dans la MRC de Drummond. « On va chercher les gens à l’aéroport avec leur famille et nous avons toute une logistique pour bien les accueillir. On va passer en moyenne deux jours avec eux pour faire un tour de la ville, aller à la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ), ouvrir un compte bancaire, leur expliquer comment fonctionne l’épicerie, leur montrer l’école s’ils ont un enfant, etc. », énumère la directrice.
Chaque mois, on réunit aussi les nouveaux arrivants de la région et leur famille autour d’activités ludiques, comme une partie de hockey, un pique-nique ou la visite d’un attrait du secteur.
L’organisme a également développé, en collaboration avec le Cégep de Drummondville, une formation pour faciliter l’intégration des travailleurs immigrants offerte directement en entreprise. Autant d’initiatives qui ont permis à la SDED et à ses partenaires de recruter 296 candidats en 2019, lors de ses cinq missions internationales s’étant déroulées jusqu’en Tunisie.