L’usine gaspésienne, spécialisée dans la fabrication de pales éoliennes, a reçu le prix Maurice-Pollack 2022, volet « Grandes entreprises », qui récompense « les actions exceptionnelles d’une entreprise en matière de gestion de la diversité ethnoculturelle ».
« Les Gaspésiens, de nature, on est très accueillants », assure Marc Frenette, directeur des ressources humaines chez LM Wind Power, à Gaspé.
S’il est vrai que la région accueille de nombreux touristes du monde entier, les défis ne sont pas les mêmes lorsqu’il s’agit d’immigration. Mais, selon M. Frenette, sensibiliser la population locale à l’arrivée des travailleurs étrangers temporaires (TET), que l’entreprise recrute activement depuis 2018, « ce n’était pas tellement un enjeu ».
S’informer pour mieux recruter
Des défis, il y en a pourtant eu.
Avec la pénurie de main-d’œuvre et la croissance de l’organisation, en activité depuis 2005, faire appel aux TET est apparu comme une option de choix.
Le recrutement ne s’est toutefois pas fait en un claquement de doigts. « D’entrée de jeu, on s’est doté un peu d’expérience de ce qui se faisait déjà au Québec. On est allé voir ce qui fonctionnait, ce qui ne fonctionnait pas [et] pourquoi », se souvient M. Frenette. Il a également tendu la main au ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI), qui a pu l’éclairer sur un processus d’immigration complexe, à bien des égards.
Le choix d’un pays de recrutement s’est arrêté sur les Philippines, où l’entreprise savait pouvoir trouver l’expertise manufacturière en matériau et composite dont elle avait besoin.
Cohésion et intégration
Bien que LM Wind Power ait fait affaire avec une agence de recrutement, certains membres de l’équipe se sont rendus sur place afin de rencontrer les candidats et de préparer leur arrivée dans les meilleures conditions.
Avec le temps, Marc Frenette et son équipe ont aussi développé une expertise interne sur les démarches administratives qu’il qualifie d’« assez considérables ». Le directeur des ressources humaines estime que le recrutement a représenté 75 % du processus.
Les 25 % restant, soit l’accueil et l’intégration, se sont bien déroulés. Pour s’en assurer, LM Wind Power a fait appel à des organismes locaux comme Pouvoir des mots Gaspé, pour l’accompagnement en francisation des nouveaux employés, ou encore l’Association des Philippins de la Gaspésie.
Car recruter dans un même pays facilite la gestion administrative du processus, mais « ça favorise [aussi] la cohésion de groupe », explique M. Frenette. « Ce sont des humains et ils peuvent s’ennuyer de leurs gens, alors avoir du monde qui ont des valeurs communes [avoir] des moments où ils célèbrent les mêmes événements, ça peut être bénéfique », poursuit-il.
S’adapter
L’adaptation a dû se faire des deux côtés.
La recherche de logement, par exemple, est particulièrement complexe pour les TET. « Ils n’arrivent pas avec leur chien et leur famille. Ils arrivent seuls, alors les besoins de logement sont différents que ce à quoi la ville était habituée », décrit M. Frenette. Le transport étant également un enjeu en Gaspésie, un réseau d’autobus a été mis en place par l’entreprise.
Pour favoriser l’inclusion au sein des équipes de travail déjà en place, les chefs d’équipes et superviseurs ont été formés pour accueillir leurs nouveaux collègues. Ceux-ci ont à leur tour reçu des formations, afin d’apprendre de manière accélérée à s’adapter au mode de vie, aux coutumes et au climat du Québec.
« Arrivé au mois d’octobre, on leur a expliqué que ça se pouvait qu’ils voient des orignaux », se rappelle M. Frenette, sourire aux lèvres.
Voir l’humain avant tout
Chez LM Wind Power, l’humanisation des travailleurs se reflète dans les actes : certains articles de la convention collective ont été modifiés pour permettre aux travailleurs qui n’ont pas 4-5 semaines de vacances de pouvoir tout de même rentrer dans leur pays d’origine, parce qu’« aller aux Philippines pour une semaine, ça ne vaut pas vraiment la peine », explique Marc Frenette.
La preuve qu’au même titre que leurs collègues québécois, les Philippins « occupent une place importante dans l’organisation, ils ne sont pas juste un TET qui s’en vient faire une job et repartir chez eux. […] On a investi dans eux autres, ils ont investi dans nous autres », croit le directeur des ressources humaines.
Photos : LM Wind Power