En marge du déblocage d’une enveloppe de 24 M$ CAN pour soutenir la requalification dans le secteur des TI, une aide financière de près de 300 000 $ CAN pour le projet Maillon Techno a également été annoncée, en mai 2021, par l’entremise du ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale (MTESS). Cette initiative s’inscrit dans le contexte d’une pénurie de main-d’œuvre dans le secteur des technologies de l’information et de la communication (TIC), par ailleurs en pleine croissance.
TECHNOCompétences et la Direction régionale de Services Québec de l’île de Montréal ont joint leur force pour créer Maillon Techno, une réponse aux enjeux de mise en relation entre les chercheurs d’emploi et les entreprises des TIC. Pour cette initiative, la récente subvention tombe à point. Elle permettra de faciliter l’intégration à l’emploi de cent Montréalais, à l’heure où le personnel disponible à l’embauche se fait rare. « Ce projet pilote permettra de mieux comprendre les réalités du marché, d’avoir une discussion ouverte avec les entreprises et candidats pour faciliter l’intégration en emploi de personnes éloignées du marché — ou bien pour bonifier le bassin de main-d’œuvre disponible — grâce à des talents issus principalement de l’immigration », nous explique la chargée de projet Marie-Christine Bergevin.
Le « programme s’inscrit parmi les solutions pour faciliter l’embauche des travailleurs issus de l’immigration et aussi pour le maintien en emploi de ces travailleurs », précise-t-elle, ajoutant que de la formation d’appoint ou du mentorat sont également prévus pour les bénéficiaires qui ont trouvé chaussure à leur pied.
Un mal pour un bien
Pionnier mondial dans l’industrie du jeu vidéo, le studio Ubisoft n’est pas épargné par le manque de personnel dans l’industrie des TIC. Une pénurie accrue par les effets de la pandémie de COVID-19, mais que l’on doit d’abord et avant tout à la compétition mondiale, comme nous l’explique Antoine Leduc-Labelle, conseiller en relations médias et communications numériques chez Ubisoft.
« C’est un beau problème », ironise-t-il, rappelant que la métropole québécoise se classe aujourd’hui au cinquième rang mondial dans l’industrie du jeu vidéo. À elle seule, la compagnie Ubisoft emploie 4 000 personnes à Montréal et plus de 5 000 à l’échelle nationale. Ce sont entre 15 % et 20 % des employés qui sont issus de l’immigration, estime M Leduc-Labelle, la plupart originaires de France, des États-Unis, de pays européens ou encore de Chine et du Japon.
Malgré les nombreux défis que posent l’attraction et la rétention des travailleurs étrangers, principalement du fait des complications liées aux visas, il se dit optimiste. « C’est une opportunité pour les personnes immigrantes, d’avoir cette pénurie : on les accueille, on a hâte de les voir, et de travailler avec eux pour continuer à bâtir l’industrie québécoise du jeu vidéo », conclut M Leduc-Labelle.
Investir dans l’avenir
Un enthousiasme que semble partager une équipe Ubisoft dévouée à attirer de nouveaux talents venus de l’étranger. Qu’ils soient sur le sol canadien grâce à un permis de travail lié à un employeur donné, ou encore via un permis Vacances-Travail (PVT), ils peuvent cependant tous être confrontés à « la complexité de l’immigration, du déménagement, de la logistique, et de l’intégration culturelle au niveau de la langue », confirme Sana Huq.
Cheffe d’équipe à la mobilité internationale chez Ubisoft, sa mission est justement d’assurer la meilleure expérience possible pour les nouveaux arrivants. Au menu, un « accompagnement clé en main du processus de mobilité », explique-t-elle, de l’acquisition du permis de travail jusqu’à la francisation. L’entreprise va même jusqu’à offrir un service d’intégration pour les conjoints.
Le programme Entourage permet aussi aux employés de « faire des activités avec leurs collègues, immigrants ou non, et de découvrir l’aspect culturel de Montréal » à travers des 5 à 7 et autres sorties familiales.
En dépit des conditions avantageuses offertes par Ubisoft aux travailleurs immigrants, le recrutement n’est pas de tout repos. Au Québec, on estime que plus de 2 000 postes seront à pourvoir dans l’industrie du jeu vidéo, des effets visuels et de l’animation au cours des prochaines années. Pour combler ce manque, les entreprises des TIC peuvent compter l’appui des partenaires locaux, à l’image d’un événement de recrutement virtuel, prévu en novembre prochain, organisé par Montréal International avec le concours du ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI). L’objectif est clair : attirer les travailleurs internationaux.