À l’origine de l’organisme à but non lucratif (OBNL), un projet-pilote : allier des profils de personnes immigrantes installées en ville et des « profils plus ruraux » avec les besoins en main-d’œuvre d’entreprises agricoles de la région, explique Jazmin Henry-Guimond, coordonnatrice des communications et des services.
Deux petites graines sont plantées dans les municipalités de Fortierville et Sainte-Françoise, et elles ont poussé. Le Projet d’accueil et d’intégration solidaire (PAIS) est aujourd’hui porté par une équipe de 14 personnes, et offre une panoplie de services, certains à l’échelle de la province.
S’adapter au monde du travail, au bénéfice de l’intégration globale
Une partie du mandat du PAIS relève de la francisation classique et de la francisation en entreprise, adaptée aux besoins du secteur d’exercice. Le programme d’Agrifrancisation, mené en partenariat avec AGRIcarrières, a pour objectif « l’apprentissage de la langue dans le contexte du travail agricole », soutient Jazmin Henry-Guimond.
L’organisme offre aussi un service de halte-garderie pour permettre aux mères immigrantes d’assister aux cours de francisation. Il s’est aussi muni d’un véhicule, notamment utilisé pour faciliter et élargir l’accès aux services.
« Un de nos gros défis, c’est d’opérer sur un territoire vaste », commente la coordinatrice. Pour les services d’accueil et d’intégration, l’équipe du PAIS se déplace d’ailleurs à domicile.
Des services sont notamment offerts aux travailleurs étrangers temporaires (TET) et aux travailleurs agricoles saisonniers (TAS), pour une troisième année consécutive. Ceux-ci n’étaient jusqu’alors « concernés par aucun programme de soutien à l’intégration du ministère de l’Immigration, de l’Intégration et de la Francisation », leur présence en sol québécois étant jugée temporaire. « La réalité qu’on voyait sur le terrain, c’est que les besoins étaient immenses », dit Jazmin Henry-Guimond, confirmant du même souffle la pertinence du programme en cours.
Prendre en compte les différences culturelles
Parmi les besoins à combler, Mme Henry-Guimond soulève la question de la sensibilisation. Le PAIS donne des ateliers et des formations sur la diversité culturelle dans les écoles, et auprès des gestionnaires en entreprise.
Selon elle, travailler les aspects culturels permet « aux gens qui sont en posture d’autorité de mieux comprendre la réalité de leurs travailleurs, donc de faire moins de faux pas », en plus de mettre toutes les chances de leur côté pour pouvoir les retenir.
Le bagage culturel peut par exemple teinter le rapport à la hiérarchie. « Si on vient d’une culture qui est très hiérarchique, on va attendre les ordres de la direction », détaille-t-elle, ajoutant que « faire preuve d’initiative, ça peut être mal perçu ».
La coordinatrice invite aussi à « ne pas essayer de combler tous les vides ». Elle rappelle d’ailleurs que « si la personne marque un temps d’arrêt avant de répondre, c’est peut-être qu’elle traduit dans sa tête ».
Autre règle d’or : se méfier des oui. « Souvent [venir travailler au Québec] est la chance d’une vie pour eux, ils ne veulent pas décevoir leur employeur par peur de se faire renvoyer dans leur pays. Ils vont dire oui à absolument tout, même s’ils n’ont peut-être pas compris ou ne sont pas certains de pouvoir bien faire la chose », met en garde Jazmin Henry-Guimond.
Pour faciliter la compréhension de ces enjeux politiques et culturels, très loin des réalités locales, PAIS est en train de développer des fiches pays à destination des employeurs et des collègues.
« Notre but ultime est vraiment que tout le monde se sente bien », résume Jazmin Henry-Guimond.
Répertoire de ressources : https://pais.ca/repertoire/
Photo : Ave Calvar