
Le gouvernement annonçait vouloir baisser de 13 % par rapport à 2024 le nombre de titulaires de permis d’études et de permis de travail temporaire dans le cadre du Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET) et de celui des étudiants étrangers.
Il proposait aussi une baisse de 10 % à 50 % de l’immigration permanente par rapport à la moyenne des années 2019 à 2024, pour atteindre entre 25 000 et 45 000 admissions annuelles.
45 000 immigrants permanents et plus de temporaires
Nombreux sont les organismes et regroupements à avoir déposé un mémoire pour prendre part aux discussions.
Parmi ces derniers, la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ), qui a déposé son mémoire de 36 pages plaidant pour donner une large place à l’immigration permanente, et faire de l’intégration socioculturelle et linguistique une priorité.
De son côté, le Conseil patronal du Québec (CPQ) affiche d’emblée que le Québec devrait accueillir 45 000 immigrants permanents « pour soutenir l’économie québécoise ». Le CPQ défend en effet l’idée qu’il faut renforcer l’immigration permanente pour faire face aux défis dans la province : pénurie de main-d’œuvre, vieillissement de la population et départ à la retraite, enjeux en région.
Est aussi proposé l’assouplissement des règles en vigueur pour le PTET, comme le recommandent de nombreux organismes et acteurs économiques depuis leur durcissement. Pour le CPQ, ce programme permet aux personnes immigrantes de s’intégrer à la société québécoise de manière durable.
Quant à la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ), elle propose dans son mémoire que les niveaux d’immigration temporaire et permanente soient « établis conjointement et de manière transparente à partir des besoins économiques chiffrés du Québec ». Pour la FCCQ, des cibles trop basses risquent de nuire à l’économie. Elle estime qu’il faudrait en diminuer la dépendance à l’immigration temporaire pour favoriser une immigration permanente « efficace, rapide et basée sur les besoins du marché de l’emploi ».
Elle pointe du doigt la faiblesse des arguments du gouvernement qui affirment que la capacité d’accueil de la province est saturée, en soutenant qu’il devrait plutôt travailler à l’augmenter pour soutenir l’économie.
Une immigration inclusive et accueillante
La Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes (TCRI) a elle aussi publié son mémoire le 22 août dernier, intitulé Au-delà des chiffres : l’immigration au service d’une société juste et inclusive. L’organisme plaide que l’immigration doit être « considérée au-delà d’une gestion comptable » et être basée sur une vision inclusive.
Elle émet ensuite 40 recommandations sur les sujets de l’immigration humanitaire, l’intégration socioprofessionnelle, la régionalisation, les étudiants et les travailleurs étrangers. Parmi elles, presque une vingtaine concerne l’immigration humanitaire afin d’améliorer la vie des personnes concernées, ainsi que leur inclusion au Québec (accès aux services sociaux et de santé comme les garderies subventionnées et hébergement), de mieux les comptabiliser en les retirant de la catégorie des immigrants non permanents ou encore de reconnaître leur apport à la société. Le rétablissement du programme de parrainage collectif fait également partie des éléments soulevés.
Dans ses autres recommandations, la TCRI insiste sur un accès à tous, indifféremment du statut, aux services tels que l’employabilité, la reconnaissance des acquis et des compétences, l’accès aux ordres ou les services publics et de proximité.
Du côté de la Fédération des Cégeps, ce sont des assouplissements envers les étudiants étrangers qui sont demandés. Dans un mémoire de 42 pages, la Fédération demande que les cégeps soient plus impliqués dans les décisions liées à l’immigration, mais aussi dans la francisation. Elle souhaite qu’ils demeurent accessibles et autonomes, mais aussi exempts de limitation d’accueil d’étudiants étrangers, dont le nombre a chuté de près de 7 % entre les rentrées d’automne de 2024 et 2025, pour s’établir à 8 652 inscrits, soit 4,5 % de la population étudiante au collégial.
Enfin, elle recommande que les programmes des cégeps permettent l’accès au permis de travail postdiplôme et que le Programme de l’expérience québécoise (PEQ) — Volet Diplômés du Québec soit maintenu.
Photo : Thom Milkovic
