Depuis avril 2021, dix-sept projets se sont déployés à travers le Québec et ont permis de rejoindre près de 50 000 travailleurs étrangers temporaires. Bilan et faits saillants de ces initiatives, financées par le gouvernement du Canada, par le biais du Programme des travailleurs étrangers temporaires et coordonnées par Immigrant Québec.
Entre juillet 2021 et décembre 2021, les organismes participant à ce programme de soutien ont pu offrir 1 260 consultations personnalisées, 304 séances d’information, et visiter 311 fermes. Des chiffres élevés, puisqu’il s’agit de la période la plus achalandée dans les installations agricoles. Ainsi, entrer en contact avec les travailleurs étrangers temporaires, et notamment agricoles est un défi constant pour les organisations. C’est pourquoi plusieurs se sont tournés vers l’Union de producteurs agricoles (UPA) pour établir un premier contact avec leurs employeurs. D’autres ont collaboré plus étroitement avec les consulats du Mexique et du Guatemala pour les aider à ouvrir des portes.
Établir un premier contact
Profitant d’un allègement des mesures sanitaires pendant l’été — et de la température clémente — les organisations ont également mis à l’horaire une cinquantaine d’activités sportives et culturelles en présentiel. Une façon pour les intervenants d’établir un premier contact avec les travailleurs étrangers temporaires. Ainsi, même si ce type d’événement n’est pas organisé directement autour de sujets comme la défense des droits de ces travailleurs, ceux-ci savent ensuite vers qui se tourner en cas de besoin.
C’est le cas, entre autres, de l’organisme Actions interculturelles de développement et d’éducation (AIDE), qui a développé plusieurs partenariats avec des acteurs locaux pour organiser ces activités et rejoindre les travailleurs étrangers temporaires. Par exemple, l’organisme s’est allié à une épicerie pour organiser un tournoi de soccer à Sherbrooke. La ministre de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire, l’honorable Marie-Claude Bibeau, leur a aussi apporté son soutien pour rejoindre un plus grand nombre de participants. De plus, la Grande Table de Sherbrooke s’occupe quant à elle d’offrir des repas lors des visites à la ferme. Bref, toute la communauté est invitée à mettre la main à la pâte.
Plusieurs organismes se sont aussi rendus dans les stationnements de commerces fréquentés par les travailleurs agricoles pour établir un premier contact avec eux, comme des épiceries ou des marchés d’alimentation offrant une sélection de produits en provenant d’Amérique latine. D’autres ont décidé d’aller à la rencontre des travailleurs étrangers temporaires directement dans des marchés aux puces ou des marchés publics. Une initiative qui a eu beaucoup de succès et qui a inspiré plusieurs intervenants.
Des contacts importants, puisque plusieurs travailleurs étrangers temporaires vivent des situations difficiles, sans savoir à qui s’adresser, quand ils osent seulement en parler. Avoir un interlocuteur neutre, en dehors de leur employeur, devient alors crucial pendant leur séjour. C’est pour cette raison que les organismes doivent aussi développer une relation de confiance avec ces travailleurs étrangers temporaires. De plus, les différents projets ainsi menés améliorent leur bien-être et favorisent leur retour au Québec pour la prochaine saison chaude. Un élément important, puisque ces travailleurs sont essentiels dans l’industrie agricole.
Des collaborations renforcées
Plusieurs autres alliances stratégiques se sont nouées au cours des derniers mois. C’est le cas de l’Union des producteurs agricoles (UPA) Montérégie, qui a renforcé ses liens avec le Réseau d’aide aux travailleuses et travailleurs migrants agricoles du Québec (RATTMAQ), ainsi qu’avec les consulats du Mexique et du Guatemala. Ensemble, ils ont ainsi pu élaborer des réponses aux questions fréquemment posées par les travailleurs étrangers temporaires. Ces organismes travaillent aussi de pair pour venir en aide à ceux qui vivent des situations problématiques — par exemple qui subissent de mauvais traitements. Une approche concertée qui s’avère plus efficace.
Certains organismes sont aussi allés chercher des ressources complémentaires pour soutenir les travailleurs étrangers temporaires. C’est le cas du Service d’orientation et d’intégration des immigrants au travail (SOIT) qui s’est associé avec Desjardins pour organiser des sessions d’informations pratiques sur le fonctionnement du système bancaire au Québec. Sans compter les nombreux services de traduction et d’accompagnement pour les travailleurs étrangers temporaires qui voulaient se faire vacciner, consulter un médecin ou qui devaient se rendre au tribunal administratif du travail.
Mais surtout, ces différents projets ont permis de mieux comprendre la réalité et les besoins des travailleurs étrangers temporaires. En effet, les préoccupations quant aux questions de santé sont moins importantes alors que la pandémie perd du terrain. Toutefois, cela n’éclipse en rien des enjeux comme les conditions de travail et de vie de cette main-d’œuvre. D’ailleurs, l’organisme Accès travail Portneuf (ATP) a réalisé un sondage en espagnol et en français en octobre 2021. Les répondants ont indiqué avoir un grand intérêt pour les informations concernant le respect de leurs droits en matière de travail, de santé et de temps de repos.
Bref, il s’agit d’un travail de longue haleine, alors que les différents projets financés par le gouvernement du Canada par le biais du programme de soutien aux travailleurs étrangers temporaires pourront se poursuivre jusqu’en septembre 2022.
Photo : SANA Shawinigan