Mis à jour le 27 décembre 2023.
Sans surprise, la ministre de l’Enseignement supérieur (MES), Pascale Déry, va de l’avant sur la question de l’augmentation des droits de scolarité appliqués aux étudiants étrangers et canadiens hors Québec, que nous évoquions à l’automne.
Comme l’ont rapporté plusieurs médias nationaux, de même que les sites des établissements concernés par la réforme, l’université McGill et l’université Concordia, le gouvernement québécois va progressivement imposer de nouvelles règles, qui ne sont pas que financières.
Le vieux casse-tête des droits de scolarité
Le casse-tête des droits de scolarité aux études supérieures n’est pas nouveau. Et qu’on se le dise : il est là pour rester. Que l’on soit québécois, canadien hors Québec, ou étranger (enfin… d’un autre pays que la France ou la Belgique), on a droit à son régime propre. Un régime qui change encore selon qu’on s’inscrit au premier ou au second cycle.
La nouvelle grille des droits de scolarité qui nous intéresse aujourd’hui concerne les étudiants inscrits en premier cycle universitaire à compter de la rentrée d’automne 2024.
En substance, on arrive à la situation suivante :
- Les étudiants canadiens hors Québec qui souhaiteront étudier dans une université anglophone verront leurs droits passer de 9 000 $ CAN à 12 000 $ CAN par an ; une augmentation plus mesurée que les 17 000 $ annoncés en octobre, et qui ne concerne plus que les universités McGill et Concordia, puisque Bishop’s, en Estrie, est finalement exemptée de hausse de tarifs pour cette catégorie d’étudiants (dans la limite de 825 étudiants par an). Précisons aussi que les étudiants canadiens hors Québec qui s’inscrivent dans le réseau universitaire francophone paieront l’ancien tarif de 9 000 $ CAN.
Mise à jour : L’Université McGill a annoncé, dans un communiqué du 19 décembre 2023, la création d’une Bourse Canada d’une valeur de 3 000 $ CAN, qui sera remise aux étudiants canadiens hors Québec inscrits en premier cycle dans certains programmes, lors des rentrées d’automne 2024 et 2025. Celle-ci permettra de ramener les droits de scolarités à leur niveau de la rentrée 2023-2024.
De son côté, l’Université Concordia a, elle aussi, annoncé la création de nouvelles bourses, dont la Bourse d’études au Canada, ainsi que des réductions de frais de scolarité pour certains étudiants hors Québec. Découvrez-en les détails (en anglais) sur le site de l’université.
- Les étudiants étrangers qui souhaitent étudier au Québec, dans une université anglophone ou francophone, paieront quant à eux des droits plafonnés à 20 000 $ CAN, conformément à ce qui avait été annoncé à l’automne.
- Quant aux étudiants français et belges, traditionnellement soumis, en premier cycle, au même tarif que les Canadiens hors Québec, ils continueront de voir leurs droits indexés sur cette catégorie d’étudiant.
Voici, en résumé, ce que l’on comprend des nouveaux tarifs (d’autres éléments de précision seront sans doute rendus publics par le gouvernement et les établissements concernés dans les prochains mois) :
Le nouveau casse-tête de la francisation des étudiants internationaux
Mais les universités anglophones ne sont pas au bout de leur peine. Car à une hausse plus modérée qu’attendu des droits de scolarités (voire, dans le cas de Bishop’s, une exonération pure et simple), va s’ajouter dès 2025-2026 une nouvelle obligation : celle d’amener 80 % de leurs étudiants étrangers inscrits au premier cycle à un niveau 5 à l’oral sur l’Échelle québécoise des niveaux de compétence en français, et ce dès la fin de leur premier cycle.
Les universités anglaises estiment qu’une personne qui ne parle pas le français nécessite de suivre pas moins de 240 heures de formation. Surtout, et c’est assez surprenant à l’heure de Francisation Québec, il s’agit d’un apprentissage a priori laissé à la discrétion et sous la responsabilité des universités concernées. Or, plus encore que la hausse des droits de scolarité, c’est sans doute cette contrainte de francisation, posée avant tout aux étudiants étrangers et canadiens hors Québec, qui risque de décourager une partie de ceux qui sont peu ou pas déjà francisés.
À nouveau, en la matière, une distinction est opérée entre les universités McGill et Concordia d’un côté, et Bishop’s de l’autre. En effet, le financement public des universités McGill et Concordia sera conditionnel à l’atteinte de cette cible des 80 % — ce qui ne sera pas le cas de Bishop’s, dont la cible n’est pas contractuelle.
Depuis plusieurs années, on parle beaucoup d’attractivité du Québec à l’international, de la lutte féroce que rencontre la province pour attirer sinon les meilleurs talents, au moins les personnes les plus à même de répondre à ses besoins. Il sera intéressant de voir comment l’attractivité de la province sera également mesurée dans son propre pays.
Photo : Ehalo Travel