Nzihou Mupangu Mbadinga, conseiller Talent et Diversité à la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM), évoque les conditions gagnantes de la rencontre entre entreprises et travailleurs étrangers, à la lumière de sa propre expérience.
Son arrivée au Québec, Nzihou Mupangu Mbadinga en garde un souvenir partagé. S’il reconnaît s’être adapté « très vite » à la culture, il a toutefois rencontré des difficultés, « comme tout immigrant », notamment en termes d’intégration professionnelle.
Cinq ans plus tard, il place son expérience personnelle au service des nouveaux arrivants et des entreprises à la recherche de main-d’œuvre, afin de donner corps au maillage parfait. Un projet ambitieux, à la hauteur de tout projet d’immigration.
Tout un apprentissage
Mbadinga se souvient des difficultés rencontrées dans la recherche d’un travail au Québec, notamment par méconnaissance du marché de l’emploi. « Je ne savais pas trop vers quelle structure me tourner », se rappelle-t-il, afin d’identifier « les entreprises où je pouvais avoir le plus d’opportunités par rapport à mon profil », poursuit-il. Puisque « les termes sont souvent différents », il lui a fallu un temps pour comprendre la correspondance des postes, ainsi que leur équivalence ici, par rapport à ceux qu’il avait occupés en France.
Parmi les autres freins à l’embauche, il cite également la fameuse première expérience de travail, tout comme la méconnaissance de l’importance de certains outils, comme LinkedIn. « Ça m’a ouvert des portes une fois que j’en ai pris la mesure. »
Rien ne sert de courir
Dans le cadre de son travail avec la CCMM, Mbadinga est aussi appelé à travailler avec des personnes issues de l’immigration qui rencontrent bien d’autres défis que ceux auxquels il a dû lui-même faire face.
La reconnaissance des qualifications et de l’expérience va affecter différemment les nouveaux arrivants selon leur pays d’origine, de même que les enjeux liés à la langue française ou aux discriminations raciales.
D’autres défis, communs à toutes les personnes immigrantes, auront des conséquences sur la recherche d’emploi et l’intégration professionnelle, d’après le conseiller. Il souligne par exemple la difficulté de trouver un logement dans le contexte actuel, ou encore les enjeux relatifs au bon déroulement de l’intégration de la famille accompagnante.
Mbadinga invite aussi les chercheurs d’emplois à être patients. Lorsque « la recherche d’emploi, qu’on imaginait, qui allait durer une semaine ou deux, prend en réalité du temps, ça peut faire douter de soi, générer de l’anxiété ». Un effet secondaire non désirable, mais qu’il est possible d’atténuer.
Une adaptation mutuelle
Les employeurs ont un rôle à jouer dans l’intégration des personnes immigrantes, selon Mbadinga, à commencer par « essayer de rendre leur processus de recrutement plus inclusif ». En prenant en compte « le cycle dans son ensemble », précise-t-il.
Ils doivent aussi apprendre à mieux « évaluer l’expérience de la personne par rapport au marché d’ici ». Reconnaître le savoir-faire des personnes, mais aussi leur savoir-être, en tenant compte de leur bagage culturel individuel. Un facteur qui inquiète les employeurs, estime Mbadinga.
« Pour réussir le maillage, l’entreprise doit s’adapter », selon lui. Mettre en place des programmes de mentorat en interne, des formations en interculturalité, ou encore créer des partenariats avec des organismes spécialisés en employabilité des personnes immigrantes : autant de solutions pour assurer un heureux ménage entre la culture de l’entreprise et celle des employés immigrants.
Nzihou Mupangu Mbadinga, lui, reconnaît qu’il « continue toujours d’apprendre de sa propre expérience d’immigration ».