Alors que la pandémie met un frein sur l’économie, Seynabou Sene en profite pour faire prendre un autre virage à sa carrière. Comptable professionnelle agréée (CPA) de formation, elle approche l’organisme de développement économique Québec International. C’est le début d’une nouvelle aventure.
« Je voulais faire quelque chose qui me permettrait de bénéficier à l’Afrique, en même temps qu’au Québec », se souvient Mme Sene, elle-même originaire du Sénégal. Après 17 ans au pays et la citoyenneté canadienne en poche, celle-ci se décrit comme « une citoyenne du monde, une personne qui représente deux continents », qui fait le pont entre deux histoires, deux cultures.
Mais surtout, son poste de conseillère aux entreprises en attraction de talents internationaux lui permet de mettre en contact la main-d’œuvre d’ailleurs et les employeurs de la Capitale-Nationale et de la région de la Chaudière-Appalaches.
Entre les missions de recrutement à l’international et l’accompagnement personnalisé offert aux entreprises, ce sont 19 500 participants qui ont bénéficié des services de Québec International en 2020. Une demande de services à la hausse depuis le début de la crise sanitaire, estime Mme Sene, probablement attribuable à la pénurie de main-d’œuvre. « Des besoins qui vont continuer à s’accroître », prophétise celle qui se réjouit de pouvoir définir son emploi et trois mots : « intense, passionnant, gratifiant ».
Un parcours en montagnes russes
Arrivée au Québec pour les études, Mme Sene a été vite charmée par le sens de l’hospitalité et du multiculturalisme qu’elle y a rencontré. Il y a quelques années, un bref retour à Dakar pour travailler sur un projet de transfert d’argent par téléphonie mobile lui confirme qu’elle est bel et bien chez elle ici.
Son intégration ne s’est pourtant pas faite sans défis. « Il n’y a pas cette orientation, ce partage d’informations à partir de l’Afrique », se désole celle qui a depuis lancé sa propre entreprise d’accompagnement des étudiants internationaux, Cora International Education Services.
« En tant qu’étudiante étrangère, je n’avais pas le droit de travailler plus de vingt heures par semaine », se souvient Mme Sene, qui décrit comme un handicap le fait de ne pas avoir pu accumuler de l’expérience professionnelle en comptabilité avant sa graduation. « C’était une difficulté en termes d’intégration, puisque je ne comprenais pas le fonctionnement du marché du travail », poursuit-elle.
Son expérience de conseillère aux entreprises lui permet aujourd’hui de pointer du doigt d’autres défis que vivent les travailleurs issus de l’immigration : l’adaptation au climat, la francisation, mais aussi la socialisation, un vecteur primordial de l’intégration, selon Mme Sene.
Faire de l’installation une intégration réussie
Pour attirer les travailleurs internationaux, elle incite les employeurs à mettre de l’avant les avantages d’une immigration économique au Québec, des villes sécuritaires à la qualité du système d’éducation, en passant par le programme de regroupement familial.
Mais « attirer sans retenir, ce serait mettre le projet en péril », affirme Seynabou Sene, qui incite aussi les employeurs à organiser des évènements sociaux pour les nouveaux employés arrivés de l’étranger, ou encore instaurer au système de parrainage avec leurs collègues québécois.
Les employeurs peuvent également faire appel à tout un réseau d’organismes gouvernementaux et non gouvernementaux afin d’assurer un passage réussi entre l’attraction et la rétention de main-d’œuvre issue de l’immigration, rappelle-t-elle. Une rétention nécessaire dans le contexte actuel.
« C’est un travail continu de la part du gouvernement et des partenaires non gouvernementaux tel que Québec International, soutient Mme Sene. D’ailleurs au début du mois de décembre, de nouveaux postes ont été ajoutés à la liste des professions bénéficiant d’un allègement pour le recrutement à l’international, une nouvelle que les employeurs accueillent avec soulagement », conclut-elle avec enthousiasme.
À l’avenir, Seynabou Sene propose d’encourager les ententes binationales facilitant la réalisation des projets migratoires et, par la bande, l’attraction de main-d’œuvre internationale.
Son futur à elle se fera très certainement au Québec, sa terre d’accueil pour qui elle ouvre maintenant les bras à d’autres talents.