Privilèges-Entreprises, anciennement « Viens te souder au Québec », a permis d’attirer et de former plus de 150 étudiants internationaux en Beauce. Un programme innovant, qui permet de répondre aux besoins de main-d’œuvre des entreprises locales tout en facilitant l’installation et l’intégration professionnelle et sociale de ses participants.
Lancé en 2013, le programme « Viens te souder au Québec » concernait exclusivement le soudage-montage. « Comme plusieurs autres, le secteur [de la métallurgie] était contraint à refuser des contrats, à augmenter les quarts de travail, à recruter des travailleurs temporaires, mais aussi à s’autonomiser », se souvient Véronique Bolduc, directrice adjointe du service Formation professionnelle, Emploi et Aides économiques (FPEAE) au Centre de services scolaire de la Beauce-Etchemin (CSSBE).
Depuis, et en collaboration avec les organismes de développement économique et milieu entrepreneurial, le CSSBE a étendu son offre à quatre formations spécialisées, afin de répondre aux besoins des entreprises de la région :
- soudage-montage,
- usinage,
- dessin industriel, et
- mécanique industrielle/électromécanique.
Un modèle unique
« Ce qui est très spécifique, c’est que c’est un modèle qui nous permet d’avoir des ententes avec des entreprises qui s’engagent à rémunérer les stages des élèves qui viennent étudier au Québec », souligne Mme Bolduc, précisant que l’entente concerne entre dix et douze entreprises annuellement.
Du fait de leur statut d’étudiants étrangers, les élèves-stagiaires peuvent également travailler jusqu’à vingt heures par semaine, en parallèle de leurs formations dans un des centres participants : le Centre intégré de mécanique industrielle de la Chaudière (CIMIC), le Centre de formation professionnelle Pozer à Saint-Georges, ou encore le Centre de formation des Bâtisseurs, à Sainte-Marie et à Saint-Joseph.
L’alliage de formation pratique, théorique et d’expérience de travail permet « une stabilité pour les gens, d’après Mme Bolduc, une stabilité qui sert l’intégration ».
Le travail au service de l’intégration
Même si de nombreux travailleurs étrangers temporaires sont actifs en Beauce, « [faire appel à] des étudiants qualifiés permet une meilleure intégration professionnelle et sociale », soutient Mme Bolduc.
Une impression que confirme Nathalie Roy, conseillère en ressources humaines chez Manac Inc, une des entreprises participantes au programme Privilèges-Entreprises. Elle estime à environ 40 % la part de stagiaires maintenue en emploi suite à leur passage par le programme. Un taux de rétention « assez bon », estime Mme Roy.
Sa collègue aux ressources humaines, Louise Couture, ne tarit pas non plus ses éloges sur le modèle dual qui fait la spécificité de Privilèges-Entreprises : une formation dispensée autant sur les bancs d’école que sur le terrain. De plus, souligne-t-elle, les études sont « la voie rapide pour obtenir un permis de travail, faire venir leurs familles ou avoir la résidence permanente ».
Miser sur l’attractivité
Originaires principalement de France, d’Afrique subsaharienne, d’Afrique du Nord et d’Haïti, les participants ont pour la plupart entre 25 et 45 ans et, de plus en plus, choisissent de s’installer en Beauce avec leur famille.
« Un des gros avantages que j’ai entendu de la part des élèves, c’est qu’ils cherchaient un endroit où il y a du travail, mais aussi un endroit sécuritaire, un milieu de vie sain, paisible », note Véronique Bolduc, pour qui une grande partie du succès de Privilèges-Entreprises réside dans le pouvoir d’attraction d’une région comme la Beauce.
Le CSSBE continue tout de même de multiplier les partenariats à l’international afin de faire connaître le programme, les entreprises partenaires ainsi que le modèle de formation, unique en son genre. Un accompagnement est aussi offert aux étudiants étrangers sélectionnés, afin de faciliter leur intégration.
Mais le succès du programme, qui en est à sa neuvième cohorte, réside surtout, d’après Mme Bolduc, dans la concertation des acteurs régionaux, des partenaires socio-économiques aux entreprises, en passant par le milieu de l’éducation. « C’est de travailler ensemble sur des problématiques qui fait toute la différence », affirme-t-elle.
Photo : Jon Kline