Rencontre avec Virginie, une entrepreneuse immigrante qui a transformé son expérience personnelle en projet professionnel, dix ans après avoir posé ses valises au Québec.
« Au départ, je devais rester un an », affirme Virginie Caparros, arrivée à Montréal avec un Permis Vacances-Travail (PVT), dont la durée n’était alors que de 12 mois (contre 24 mois aujourd’hui pour les ressortissants français, NDLR). En faisant le choix de s’installer au Québec de manière permanente, elle ignore encore l’étendue des épreuves qu’elle s’apprête à traverser.
Obstacles et opportunités
Après une séparation, deux demandes refusées de sélection permanente au Québec, un enchaînement de permis de travail ouverts, puis fermés, Virginie se retrouve face à un mur. « À l’époque, on ne pouvait pas rester plus de cinq ans au Canada avec des permis de travail temporaires », se souvient celle qui ne manque pourtant jamais d’opportunités professionnelles.
Suite à la rencontre d’une avocate spécialisée en immigration, elle décide de reprendre les études dans un domaine qui attise sa curiosité, afin de faire évoluer sa carrière tout en stabilisant son statut pour un temps. « En toute franchise, je n’étais tout simplement pas prête à rentrer en France », confie-t-elle.
La mi-trentaine et quinze ans d’expérience en administration en poche, Mme Caparros obtient donc coup sur coup un diplôme en support informatique, son CSQ et, finalement, sa résidence permanente, un jour de la Saint-Jean-Baptiste. Drôle de coïncidence, pour celle qui se sent enfin « chez elle ».
De l’idée à l’entreprise
« La résidence permanente a ouvert des portes mentales », affirme Mme Caparros. « À partir de ce moment, je me suis dit que j’étais légitime, et que j’avais le droit d’aller voir un peu plus loin que le salariat ». Le statut de résident permanent facilite aussi l’accès d’une personne immigrante au monde de l’entrepreneuriat, puisqu’il octroie des droits similaires à ceux des citoyens canadiens.
Virginie Caparros a toujours aimé venir en aide aux nouveaux arrivants en s’impliquant sur des forums d’aide, en organisant des événements de socialisation ou des visites touristiques via Airbnb Experiences. En réfléchissant à son projet d’entreprise, un lien se crée entre cette passion et son propre vécu migratoire. « Cette entreprise est finalement née du fruit de toutes mes expériences ici, et de l’envie d’aider, de partager des solutions aux gens qui ne les connaissent pas nécessairement »
Elle se demande alors comment aller plus loin dans l’accompagnement de personnes immigrantes souvent isolées et un peu perdues, qui nourrissent un projet de vie au Québec. C’est alors que naît l’idée de créer un pont entre ces personnes et les entreprises québécoises : un service d’onboarding tourné à la fois vers la préparation à l’arrivée et à l’intégration des nouveaux arrivants, mais qui intègre aussi la formation et la sensibilisation des employeurs et des salariés.
« Entourez-vous ! »
De son parcours, d’immigrante à entrepreneure, elle retient que « lorsqu’on est passionné, qu’on aime ce qu’on fait et qu’on veut évoluer, il y a beaucoup de portes qui s’ouvrent au Québec, en général ».
Pour mettre sur pieds son entreprise, Erablee, Mme Caparros a d’ailleurs multiplié les rencontres, webinaires, conférences et incubateurs, avec l’appui des services offerts par Entreprendre ici, l’École des entrepreneurs du Québec ou encore Startup Montréal.
Membre de la cohorte des Fondatrices 2022, elle souligne aujourd’hui l’importance du réseau pour les personnes immigrantes qui souhaitent se lancer en affaires au Québec.