Après des semaines de consultation publique, nombreux étaient ceux qui attendaient avec impatience les détails de la planification stratégique de l’immigration au Québec, pour la période 2024-2027. Mais personne ne s’attendait aux annonces finalement rendues publiques le 1er novembre 2023.
Les deux scénarii envisagés par le gouvernement semblaient bien délimités, les garanties face à une augmentation des seuils d’immigration solides et l’ouverture palpable. Les autorités auront finalement fait preuve d’une grande prudence, non seulement dans les mesures actées, mais aussi sur la période concernée, raccourcie de deux ans.
Le plan en détail
Parmi les 50 000 personnes accueillies annuellement, en 2024 et en 2025, Québec prévoit 30 650 nouveaux résidents permanents, 1 250 gens d’affaires en 2024 (et 450 en 2025). Quant au regroupement familial, 10 400 personnes pourront en bénéficier. 7 200 réfugiés seront admis chaque année.
Les résidents permanents admis par le biais du voletDiplômés du Québec du Programme de l’expérience québécoise (PEQ) seront exclus du calcul, et seront donc accueillis en continu. En effet, les diplômés ont obtenu un diplôme québécois, parlent le français et sont déjà intégrés dans la société, s’inscrivant ainsi « en tous points dans les orientations du plan gouvernemental ». Ils devront cependant avoir obtenu un diplôme en français pendant au moins trois ans au secondaire et au postsecondaire. Certains estiment ainsi que le total de personnes admises pourrait en réalité atteindre de 56 500 à 60 000 personnes.
Ensuite, toujours dans une volonté de renforcer la présence du français dans la province, le gouvernement vise que la proportion de francophones augmente entre 2024 et 2025, de 89 % à 93 % pour les requérants principaux dans les programmes d’immigration économique, hormis les diplômés.
Les travailleurs étrangers temporaires devront prouver qu’ils ont une connaissance du français de niveau 4 à l’oral au minimum lorsqu’ils voudront renouveler leur permis de travail. Les employeurs devront, quant à eux, répondre à des exigences pour soutenir l’apprentissage du français par leurs employés. Cette mesure ne s’appliquera pas aux travailleurs agricoles.
Enfin, Québec souhaiterait qu’une telle exigence du français soit demandée par IRCC aux personnes immigrantes relevant du Programme de mobilité internationale (PMI).
L’aboutissement de plusieurs semaines de consultation
Québec avait organisé des consultations publiques pour réfléchir collectivement à la Planification de l’immigration 2024-2027. Elles ont engendré la publication et le dépôt de 79 mémoires de la part de plusieurs acteurs des milieux, économiques, politiques et communautaires.
Les réflexions étaient menées à la lumière de deux scénarii, proposés par le gouvernement. Un des deux scénarii semblait avoir la nette préférence de la société civile. Mais en optant pour une solution hybride inattendue, en conservant les seuils actuels du Scénario 1 et l’admission, en continu et hors quota, des PEQ Diplômés du Québec (Scénario 2), la solution retenue pour deux ans au lieu de quatre s’inscrit clairement dans une posture attentiste qui en aura pris plus d’un au dépourvu.
Photo : Christian Chomiak