
Depuis 2018, la branche gaspésienne de LM Wind Power emploie des travailleurs et travailleuses recrutés aux Philippines. Nous avons rencontré l’une d’entre elles.
« Quand j’étais enfant, il n’y avait parfois sur la table qu’une boîte de sardines, alors que nous étions six », se souvient Maricor Arellano Relanes, 35 ans, dans un anglais hésitant.
À son départ des Philippines, en octobre 2022, elle affirme que les salaires sont toujours très bas dans son pays, surtout les personnes qui, comme elle, n’ont pas de diplôme d’études supérieures.
Elle a été contrainte d’abandonner son baccalauréat en administration des affaires pour travailler à temps plein. « Je devais aider mes parents, restés dans la province [de Bicol, NDLR] ». Son père, malade, ne peut financer seul les médicaments dont il a besoin.
Au hasard des réseaux sociaux
Après pratiquement neuf ans dans la même entreprise, où elle travaille comme opératrice de machine, c’est au hasard des réseaux sociaux que Maricor Arellano Relanos aperçoit l’annonce qui changera sa vie.
Celle qui reconnaît n’avoir jamais nourri le rêve de partir s’installer à l’étranger envoie sa candidature pour un poste d’opératrice de panneaux en fibre de verre à travers l’agence chargée du recrutement international pour LM Wind Power… à Gaspé, au Québec.
À sa grande surprise, son profil est retenu. « Je doutais de mes compétences », admet-elle, tout en reconnaissant aujourd’hui accomplir son travail sans grande difficulté, puisqu’il exige des compétences moindres que celui qu’elle occupait précédemment, aux Philippines.
C’est ainsi qu’elle se retrouve propulsée à 23 heures d’avion de chez elle, loin de sa famille, mais au cœur d’une communauté philippine de plusieurs centaines de personnes, bien implantée dans la municipalité de 15 000 habitants.
Deux communautés, main dans la main
« J’ai beaucoup pleuré en arrivant », raconte la jeune femme, par ailleurs reconnaissante du soutien reçu par ses collègues philippins et son employeur québécois. « Ils m’ont beaucoup aidée », dit-elle.
Sa première impression de Gaspé est pourtant positive. « J’étais très impressionnée par la nature », se remémore-t-elle, ajoutant avoir été marquée par la gentillesse des habitants de la ville à son égard.
Un enthousiasme qui se confirme avec le temps, puisque Maricor Arellano Relanes considère s’être déjà bien intégrée. Elle y a notamment rencontré son partenaire actuel, et se réjouit que « sa famille m’a, elle aussi bien accueillie ; elle est devenue ma famille », affirme celle pour qui le plus grand défi demeure l’éloignement d’avec ses proches restés au pays.
Elle attribue aussi la réussite de son intégration en partie au soutien de son employeur. LM Wind Power l’a accompagnée dans toutes les démarches relatives aux démarches migratoires, administratives, au logement, mais fournit également des services de transport à ses travailleurs étrangers. Spécialisée dans la fabrication de pales éoliennes, l’antenne gaspésiennea reçu le prix Maurice-Pollack 2022 dans le volet « Grandes entreprises ».
Espérer, inspirer
La prochaine étape, pour Maricor Arellano Relanes, est d’apprendre le français.
Ses projets pour l’avenir ? « Mon rêve est de devenir résidente permanente, et que ma famille soit ici », dit-elle. Son permis de travail temporaire expire en 2024, mais elle espère qu’il sera renouvelé par son employeur.
Des défis, elle en a connu et en connaîtra sans doute encore. Mais elle n’échangerait contre rien au monde « cette vie plus facile qu’aux Philippines ». « Je prie encore tous les jours pour les personnes qui ont croisé ma route », confie-t-elle.
Le chemin, inattendu, qui l’a menée au Québec, elle souhaite le partager au plus grand nombre : « je souhaite que d’autres soient inspirés par mon histoire à venir ici, qu’ils n’aient pas peur d’essayer », conclut-elle.