
Les travailleurs étrangers temporaires, toutes les entreprises présentes autour de la table en dépendent. Pour certains, le recrutement international a commencé il y a plus d’une décennie, face aux besoins de main-d’œuvre particulièrement criants dans l’industrie de la fabrication métallique, qui peine à attirer localement.
Dans la région de Lanaudière, cette industrie compte pourtant 250 entreprises et quelque 6 000 travailleurs, d’après l’AMQ. Premier secteur manufacturier de la province, elle embauche 95 000 personnes au Québec.
Avec le resserrement des conditions d’accès au PTET, le secteur craint de devoir renoncer à une partie de sa main-d’œuvre et anticipe déjà des conséquences importantes.
Se serrer la ceinture ?
« On a été encouragés à aller chercher des travailleurs étrangers temporaires, et aujourd’hui on se fait couper l’herbe sous le pied »
Michel Picard, copropriétaire de CNC production, à Joliette
« L’incertitude paralyse »
Outre les conséquences économiques, les entrepreneurs réunis redoutent un « effet de compétitivité malsaine entre les entreprises locales », contraintes de « s’arracher » la main-d’œuvre, résume Michel Picard.
Les mesures restrictives, comme l’instabilité des politiques migratoires « insécurisent nos travailleurs, mais nous aussi comme décideurs. Comment prendrons-nous nos décisions si on n’est pas sûrs du nombre de collègues qu’on va avoir à la fin de l’année ou en 2026 ? Comment je choisis mes investissements ? Comment je choisis mon développement ? » s’interroge Caroline Thot, présidente de Techno Diesel.
S’ils se disent compréhensifs quant aux enjeux soulevés par les autorités pour justifier les mesures restreignant l’immigration temporaire, ils appellent à repenser la manière de faire en les incluant dans le dialogue, autrement qu’à travers la nasse des éventuelles consultations publiques en marge de la Planification 2026 de l’immigration, qui ont d’ailleurs été reportées sine die.
Passer à l’action
À l’AMQ, on n’a pas attendu d’avoir une main tendue pour prendre le problème à bras le corps.
Face à l’urgence de la situation, les entreprises concurrentes ont mis leurs intérêts individuels de côté et se sont regroupées. L’objectif : « essayer de nous faire entendre auprès du gouvernement pour qu’il prenne d’autres décisions », explique Philippe Liard, copropriétaire chez Liard Industries.
L’organisation sectorielle devient alors un levier pour « soutenir les entreprises, trouver des tribunes pour qu’elles puissent faire entendre leurs voix », poursuit-il. Leur démarche implique aussi « de la représentation auprès du politique, pour expliquer un peu la réalité » des entreprises québécoises sur le terrain, et les implications concrètes des restrictions de l’immigration temporaire sur leur productivité et sur le bien-être de la population.
Ailleurs dans la province et dans d’autres secteurs de l’économie, des entrepreneurs et acteurs du milieu économique s’organisent pour « briser l’isolement », « se faire entendre », « soutenir les PME » et « se donner les moyens de la productivité ».
De leur côté, les autorités souhaiteraient que les entreprises investissent non plus dans le recrutement international, mais davantage dans l’automatisation et la robotisation, pour combler le déficit humain. Quand cela est seulement possible…
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